La précommande, le nouvel atout des marques pour verdir le monde du textile #312

14/01/2022

Un nombre croissant d’entreprises se lancent dans ce système de vente plus écologique, avec un succès économique immédiat.

«Environ 200 milliards de vêtements ont été produits en 2018», «60% des vêtements que l’on achète sont mis à la poubelle dès la première année»… William Hauvette ne manque pas de chiffres pour illustrer la folie productrice actuelle de l’industrie textile ainsi que la boulimie des consommateurs. Pour lutter contre ces phénomènes, il a décidé de lancer une marque, Asphalte, en surfant sur une nouvelle tendance : la précommande.

Le concept est simple. Au lieu de produire, puis de mettre en vente comme c’est la norme, ces marques attendent que l’objet soit payé pour en lancer la fabrication. Concrètement, elles organisent régulièrement des campagnes de commandes, pouvant durer entre quelques semaines et un mois, sur un article spécifique. Les acheteurs paient mais ne reçoivent pas immédiatement le produit. Car ce n’est qu’à l’issue de cette phase de commande que l’entreprise, qui connaît exactement la demande, lance la production.

Une démarche écologique

Le principal argument mis en avant par les entreprises concernées est la dimension écoresponsable du système. En acceptant d’attendre, le consommateur permet à la marque d’ajuster au mieux la quantité fabriquée et évite la surproduction.

Mais c’est aussi, à en croire les acteurs, un puissant levier pour encourager les consommateurs à faire un achat réfléchi et qu’ils vont garder. «Ce sentiment d’attendre évite l’achat impulsif», souligne Katia Sanchez, fondatrice de la marque de pull éponyme. Pour diminuer encore le risque, cette créatrice, met un point d’honneur à laisser la possibilité au client de revenir sur son achat sans frais : «il peut annuler pendant toute la période de commande et même quelques jours voire quelques semaines au-delà. Je suis très conciliante sur le sujet». Enfin, les griffes cherchent à faire disparaître l’effet d’aubaine : «on ne fait pas de soldes et on relance les mêmes produits tous les ans», abonde William Hauvette. Ainsi, une personne intéressée ne va pas avoir peur de rater une occasion. Si l’article lui plaît mais qu’elle hésite, elle pourra toujours l’acquérir plus tard et au même prix.

Les marques sont aussi incitées à faire des produits plus durables. «On fait passer des batteries de tests à nos matériaux pour s’assurer de la qualité de nos vêtements», met en avant le fondateur d’Asphalte. Le message est de produire moins mais mieux. Ce qui s’applique au nombre de collections développées. Tous les acteurs du secteur préfèrent miser sur une diversité restreinte d’articles, plutôt que de lancer des centaines voire des milliers de références tous les six mois : «en trois ans on n’a développé que 25 vêtements différents», illustre William Hauvette.

Des avantages économiques évidents

L’arrivée de la précommande dans le monde du prêt-à-porter est une tendance récente : la marque de vêtement pour homme Forlife a été fondée en 2018, Asphalte en 2016… La pratique commence aussi à apparaître dans d’autres branches. Wopilo, une marque française spécialisée dans les articles de literie fondée en 2017, a lancé une collection de linge de lit en précommande. Car au-delà de la dimension écologique, la précommande a d’énormes avantages économiques.

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