Valoriser son engagement par l’affichage environnemental textile

20/11/2020

Un outil de communication qui encourage l’éco-conception ! Cet article, rédigé par Clara Barry, s’inscrit dans la chronique « Eco-textile » proposée par le Pôle : elle développe une réflexion autour de la mise en place d’une démarche d’éco-conception dans le textile. Il y a quelques semaines, mon dernier sondage portait sur la pertinence de l’affichage environnemental comme outil de communication sur les impacts environnementaux des produits textiles. Selon les réponses, la moitié des répondants sont convaincus de sa pertinence. Le reste se pose encore des questions sur sa mise en place et ses limites. Dans cet article, je vais tâcher de présenter le dispositif et son lien avec l’éco-conception.

En 2020, la Loi économie circulaire a introduit un dispositif d’affichage environnemental sur la base du volontariat. Fondé sur une analyse de cycle de vie, cet outil a pour objectif d’informer le consommateur de l’empreinte environnementale des produits qu’il achète mais surtout d’inciter les fabricants à réduire les impacts des produits mis sur le marché. A l’image du nutriscore, cet affichage permettra aux consommateurs d’opter pour un produit plus responsable s’ils le souhaitent. Il consiste en une note de A à E affichée sur les produits ou services, en rayonnage ou sur internet et calculée sur l’ensemble du cycle de vie du produit ou service.

Un tournant pour le secteur de la mode
A partir de 2022, ce dispositif sera déployé prioritairement dans le secteur de l’habillement. Les acteurs de l’industrie de la mode sont ainsi encouragés à participer à l’expérimentation actuellement menée pour évaluer différentes méthodologies et modalités d’affichage. En collaboration avec l’ADEME et le Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire, Décathlon et Okaïdi ont contribué au programme, notamment par la mise en place d’une classification des textiles et ont déjà déployé un étiquetage environnemental sur certains de leurs produits. Encore en développement, l’outil pousse le secteur dans la bonne direction mais certaines questions sur sa méthodologie restent encore sans réponses. Il faudra attendre son déploiement pour évaluer sa pertinence.

Que cache cette note ?
La note se calcule à partir de la base IMPACTS, la base de données génériques de l’ADEME dédiée au dispositif. Le référentiel sectoriel Articles d’habillement (BPX 30-223-23) actuellement en cours de révision décrit spécifiquement comment réaliser les ACV pour les produits d’habillement (Unité fonctionnelle, flux de référence, indicateurs retenus, données et règles d’allocation…).
Le calcul doit se faire avec un outil paramétré qui inclut les règles de ce référentiel. Cet outil peut être Bilan Produit proposé par l’ADEME ou un outil crée en interne (par des entreprises ou des consultants) et qui devra donc être vérifié. Spin it de Cycleco, EIME du Codde Bureau Veritas et l’outil interne de Décathlon sont les outils de calculs qui ont contribué à la construction du dispositif. Au moins deux indicateurs d’impact sont pris en compte dans la note : les émissions de gaz à effet de serre (changement climatique) et l’eutrophisation (pollution de l’eau). Ces critères sont deux des indicateurs pertinents pour analyser les impacts des produits textiles.

Le lien avec l’éco-conception
Par ce dispositif, l’ADEME souhaite encourager les entreprises vers l’éco-conception.
En effet, l’affichage environnemental est un outil de communication qui vise à promouvoir un produit éco-conçu. Il est basé sur une analyse de cycle de vie encadrée qui accorde une meilleure note aux vêtements qui minimisent leurs impacts sur les deux indicateurs sélectionnés. Les vêtements éco-conçus font donc de bons candidats pour l’affichage environnemental car ils tendent à limiter leurs impacts sur tous les indicateurs significatifs (dont les deux pris en compte dans le calcul de la note). Autrement dit, l’éco-conception est une méthode complète pour répondre aux enjeux environnementaux dans laquelle l’affichage peut être présenté comme un outil de communication et d’évaluation environnemental partielle.

Une vision prospective
Dans un premier temps, l’éco-organisme accordera une prime aux entreprises qui mettent en œuvre l’affichage environnemental, puis quand il sera généralisé, les produits notés A ou B en bénéficieront.
Le retour d’expériences français sur l’affichage environnemental alimentera les travaux du projet européen Product Environmental Footprint Apparel & Footwear (PEF) encore en construction. Ces deux projets développent des données, outil et méthodes basées sur l’analyse de cycle de vie pour modéliser les impacts environnementaux. Dans quelques années, la Commission Européenne généralisera le modèle via le PEF et le socle technique français évoluera vers le socle européen plus complet.

L’affichage environnemental textile cherche donc à atteindre de grands objectifs et notamment à inciter les entreprises à agir sur le cycle de vie complet d’un produit. Les phases de production des matières premières et de fabrication sont souvent maitrisées en interne par les marques, ce qui facilite l’éco-conception de ces étapes. Mais comment influencer les étapes d’usage et de fin de vie ?

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Eco-Textile