Un vêtement en coton sur cinq vendu dans le monde serait fabriqué par des prisonniers ouighours #49

31/08/2020

Alors que les autorités chinoises ont interné plus d’un million de Ouïghours dans des camps de travail forcé, 180 ONG appellent les marques de vêtements à rompre les liens avec le Xinjiang, province où cette minorité est persécutée. Aujourd’hui, un vêtement en coton sur cinq viendrait d’un camp de travail ouïghours. La quasi-totalité du secteur de l’habillement est concernée.

Les persécutions contre les Ouïghours dans la province du Xinjiang en Chine ne cessent d’être dénoncées par les défenseurs des droits humains. Depuis plus de cinq ans, la Chine a en effet mis en place une politique très répressive à l’égard de cette minorité musulmane. Aujourd’hui, plus d’un million de Ouïghours seraient internés dans des camps de travail forcé. Au-delà de l’implication des autorités chinoises, plus de 180 ONG appellent les marques de vêtements à prendre leurs responsabilités.

Dans un rapport publié le 23 juillet, elles estiment qu’environ un vêtement en coton sur cinq vendu dans le monde contient du coton ou du fil venu du Xinjiang est lié au travail forcé des Ouïghours. Nike, Adidas, Patagonia, Puma, H&M, Calvin Klein, Amazon, Gap, Muji, Tommy Hilfiger… presque l’ensemble de l’industrie de l’habillement auraient des liens avec ces camps, selon des recherches publiées par Associated Press et le Wall Street journal notamment.

Certaines marques n’ont pas tardé à réagir. C’est le cas d’Inditex (propriétaire de Zara entre autres) qui assure avoir mené une enquête internationale au sujet du travail forcé. ils écrivent : « Nous prenons très au sérieux les rapports de pratiques sociales et de travail inappropriées dans n’importe quelle partie de la chaîne d’approvisionnement du vêtement et du textile (…) Nous pouvons confirmer qu’Inditex n’entretient aucunes relations commerciales avec des usines du Xinjiang« .

« Continuer à produire au Xinjiang est, au mieux, irresponsable. Au pire, complice »

« On ne peut plus ignorer ce qui se passe au Xinjiang et cela a une implication directe dans les biens de consommations qui arrivent sur le marché européen et américain », estime Nayla Ajaltouni, la coordinatrice d’Ethique sur l’étiquette, l’une des 180 à l’origine de l’appel, dans Libération. « Quand le Rana Plaza s’est effondré au Bangladesh en 2013 (une usine de textile, NDR), les entreprises ont dit : « On ne savait pas qu’on fabriquait à cet endroit ». C’est vrai, et c’est bien ça le problème. Continuer à produire au Xinjiang est, au mieux, irresponsable. Au pire, complice », prévient-elle.

Les 180 ONG demandent ainsi aux multinationales de rompre tous les liens avec les entreprises impliquées dans le travail forcé, de mettre fin à l’approvisionnement en coton, en fil, en textile et en produit finaux issus du travail des Ouïghours mais aussi d’interdire « en dehors de la région d’employer des personnes ouïghoures, d’origine turque ou musulmane envoyées dans le cadre du programme de transfert de travailleurs forcés du gouvernement chinois ».

Épinglées, plusieurs marques ont décidé de rompre leur lien avec Xinjiang comme H&M et Ikea mais « l’un des vrais défis est que les chaînes d’approvisionnement en vêtements sont maintenant si complexes que les entreprises ne savent même pas nécessairement qui sont tous leurs fournisseurs, ou même si elles peuvent identifier tous les fournisseurs. Il leur est difficile de savoir que 80 % du coton chinois est cultivé au Xinjiang », analyse Sophie Richardson, spécialiste de la Chine chez Human Rights Watch dans Brut.

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