1,1 milliard de dollars. C’est la somme astronomique que l’université de Stanford vient de recevoir de la part du couple de mécènes Ann et John Doerr pour ouvrir une School of Sustainability (École de la Durabilité). L’évènement est doublement historique pour l’université : non seulement cela faisait soixante-dix ans qu’une école n’avait pas ouvert à Stanford, mais il s’agit également du plus gros don de son histoire. La France n’est pas en reste puisque Nadia Maïzi ouvre à l’École des Mines le Transition Institute TTI.5 à la rentrée prochaine. Elle y voit un signal fort : celui du déclic de l’enseignement supérieur sur les sujets environnementaux, partout à travers le monde. Où en est la France ?
En 2022, le supérieur se met (vraiment) au vert
Le Manifeste pour un Réveil Écologique, signé par 30 000 étudiants en 2018 pour appeler les grandes écoles à prendre au sérieux la transition, a amorcé une lame de fond. En février dernier, le rapport Jouzel, du nom du climatologue Jean Jouzel qui en est l’auteur, a été remis à la ministre de l’Enseignement Supérieur, avec un objectif ambitieux : former 100 % des étudiants de bac+2 à la transition écologique d’ici cinq ans. Cette double pression venue des hautes sphères du ministère et de la mobilisation des étudiants sur le terrain a accéléré la mue de l’enseignement supérieur. Cette année, les initiatives se multiplient, à tel point qu’il est difficile d’en faire le tour, explique Christian Koenig. Ancien membre de l’administration de l’ESSEC, il fait partie de l’équipe du Campus de la Transition, une structure originale qui propose aux universités et aux grandes écoles de les aider à développer leurs formations sur la transition. « Nous recevons énormément de sollicitations », se réjouit Christian, rappelant que le Campus, en seulement trois ans et demi, a connu une croissance considérable.
Proposer un cours sur le développement durable ne suffit plus
Les sollicitations que reçoit le Campus de la Transition ne sont pas seulement plus nombreuses, elles changent aussi de nature. Jusqu’ici, les établissements développaient quelques cours isolés ou des spécialisations à bac+4 ou bac+5. Or ce type d’initiative n’intéresse que des personnes déjà sensibles à la crise environnementale, et dépasse rarement quelques dizaines d’étudiants par an. Pour Christian Koenig, les écoles sont de plus en plus nombreuses à comprendre qu’ « on ne peut pas faire un cours de 3 h le jour de la rentrée pour dire que le monde va mal, puis reprendre les cours comme avant… » C’est bien l’enjeu de cette mue de l’enseignement supérieur : saupoudrer quelques cours de développement durable sur une formation ne suffit pas. Et l’idée fait son chemin parmi les personnels administratifs et enseignants.
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