Redéfinir la "mode durable" #409

27/05/2022

En 2009, le Danish Fashion Institute organisait l’un des premiers sommets sur la mode durable à Copenhague, juste au moment du sommet COP15 des Nations unies. À cette époque, tout le monde trouvait amusant de plaisanter sur le fait que le vert était le nouveau noir, et la plupart des gens pensaient que les termes « écologique »,  » vegan  » et  » biologique  » signifiaient à peu près la même chose, et si les grandes entreprises de mode disposaient de responsables développement durable, ils étaient basés dans de minuscules pièces, à plusieurs étages et dans des couloirs sinueux, loin du cœur des dirigeants.

Les choses ont changé

Aujourd’hui, presque toutes les marques de mode, de la grande distribution au luxe, jurent qu’elles placent la durabilité au cœur de leurs plans stratégiques. […] Les directeurs généraux s’empressent de parler de la manière dont ils font évoluer leurs activités pour lutter contre le changement climatique. Les promesses d’atteindre la neutralité carbone abondent.

En 2018, l’U.N.F.C.C.C. (l’organisme des Nations unies chargé de la lutte contre le changement climatique) dévoilait la Charte de l’industrie de la mode pour l’action climatique, avec ses objectifs fondés sur la science pour l’industrie de la mode, dont l’atteinte d’une neutralité carbone d’ici 2050. L’année dernière, lors de la COP26 à Glasgow, le groupe a mis à jour la charte pour refléter la nécessité de réduire de moitié les émissions d’ici à 2030 ; à l’heure actuelle, environ 150 marques et organisations ont signé la charte. […]

Le « blanchiment écologique » reste un problème omniprésent, à tel point que l’Union européenne est sur le point de s’y attaquer, avec son « Initiative on Substantiating Green Claims », qui sera publiée dans le courant de l’année et qui exige essentiellement des entreprises qu’elles appuient des allégations telles que « vert » et « écologique » sur une méthodologie reconnue par une tierce partie. […]

Si vous vous demandez comment cela fonctionne, eh bien, rejoignez le club. Cela n’a aucun sens. Mais l’expression « mode durable » elle-même n’en a pas non plus. C’est un oxymore. Après tout, selon le dictionnaire de Cambridge « durable » implique la capacité a « se maintenir sur une période de temps ». « Mode », en revanche, implique un changement dans le temps. Concilier les deux est impossible. Il n’est donc pas étonnant que la recherche de neutralité carbone nous donne l’impression d’être Don Quichotte et de nous battre contre des moulins à vent. Et comme le dit William McDonough, l’auteur de « Cradle to Cradle », le livre fondateur de l’économie circulaire, depuis quand « zéro » est-il le résultat le plus souhaitable ?

Nous avons besoin d’une meilleure façon de cadrer la discussion

Nous allons donc utiliser l’expression « mode responsable » : un terme qui fait référence à un monde dans lequel tous les acteurs, du consommateur au PDG, en passant par le fabricant et l’agriculteur, assument la responsabilité de leur rôle dans la chaîne d’approvisionnement et le processus de création, et des choix qu’ils font.

Cela peut sembler sémantique, mais c’est la différence entre un objectif final qui semble impossible à atteindre, voire décourageant, et le processus qui consiste au moins à essayer d’y parvenir : étape par étape, décision par décision.

Car il n’y a pas de réponse simple pour résoudre le rôle de la mode dans le changement climatique. Même la réponse la plus évidente – ne pas fabriquer ou acheter de nouveaux articles et ne pas jeter les anciens – a des répercussions négatives sur l’emploi, le savoir-faire et la définition de soi. (Après tout, les gens se sont parés pour s’exprimer depuis à peu près aussi longtemps qu’ils se sont compris en tant que « moi »). La question cruciale pour chacun d’entre nous, quel que soit le côté de l’équation où nous nous trouvons, est de réfléchir aux effets des choix que nous faisons et de les comprendre, afin de pouvoir en faire de meilleurs à l’avenir.

➔ Lire l’article complet (en anglais) sur le New York Times