Pourquoi la mode doit arrêter la production de masse #45

18/08/2020

La créatrice de mode new-yorkaise Mischa Nonoo, affirme dans le magazine Fortune, que les entreprises de mode ne sont plus un investissement rentable. Elle explique pourquoi.

Le marché mondial du luxe a été confronté à un choc sans précédent au deuxième trimestre. Déstabilisant jusqu’aux entreprises les plus solides comme LVMH et Kering, lesquelles ont dû faire face à des baisses de revenus surprenantes. Alors que le monde s’abstient d’acheter plus de vêtements et d’accessoires, en faveur, si les données sont correctes, de pantalons de jogging et d’articles de confort, les marques de mode misent sur ces produits pour survivre et renforcent leur présence sur le web afin de faire des ventes en ligne leur canal principal.

Selon Misha Nonoo « nous assistons à l’effondrement final d’une industrie étroitement soudée, fondée sur l’exploitation du travail créatif, le favoritisme des grossistes, la production en grandes quantités de biens indésirables et le déversement de ces produits dans les décharges. »

Bien que ce modèle commercial ne représente peut-être pas la majorité des marques de luxe européennes ou des indépendants, Nonoo n’a pas tort lorsqu’elle parle de « marges fines comme des lames de rasoirs et [d’]un rythme de changement glacial dans de nombreuses organisations de mode ».

Le problème des stocks

« Presque toutes les failles du système de la mode peuvent être attribuées à un seul problème : les stocks. Le recours à la production initiale en masse nécessite du temps et des ressources précieuses pour être alloués avant que les consommateurs puissent indiquer une préférence pour un style. »

Je peux en témoigner, lors du premier lancement d’un petit label à Los Angeles, la moyenne minimum en usine signifiait la production de 300 unités d’un même modèle. A cela s’ajoutait la production de textiles exigeant également des commandes minimales massives. Si vous produisiez moins, vous deviez faire face à des pénalités financières, augmentant le prix unitaire. Lorsqu’une marque se lance, elle doit investir les ressources indispensables pour acheter des centaines de mètres de tissu avant de savoir quels modèles dans quel tissu se vendra. Du point de vue de la plupart des investisseurs, cela peut sembler être business plan bâclé. C’est pourtant le nœud de l’industrie.

Fashion United