Pourquoi éco-concevoir les produits textiles ? #51

31/08/2020

Il est grand temps de multiplier les démarches d’éco-conception dans le secteur textile, au regard des enjeux actuels et de l’étendue du secteur.

Mais par où commencer ?
Parmi la variété de textiles existante, les vêtements constituent un besoin essentiel et permanent car nous les portons constamment. Ils sont inclus dans nos codes culturels et sociaux, ce qui explique ce lien consommateur très prononcé.
L’industrie de la mode englobe de multiples acteurs de secteurs divers, éparpillés dans le monde entier.
Les vêtements expriment ainsi la complexité de l’industrie textile ; c’est pourquoi nous orienterons notre démarche d’éco-conception sur l’habillement. Notre réflexion pourra ensuite être adaptée aux articles de linge de maison et d’ameublement.

Que représente le secteur du textile ?
100 milliards de vêtements sont vendus chaque année dans le monde, soit en moyenne 9,5 kg achetés par personne en France. La production a doublé entre 2000 et 2014 (Source : Ademe).
Le marché s’est en partie développé grâce à la baisse des prix de l’habillement dû aux délocalisations des usines textile vers des pays à bas coûts de production.
Mais c’est aussi l’apparition d’un nouveau business model qui lui a fait prendre son envol : la fast fashion, ou mode jetable. Ce concept implique le passage de deux collections par an à plus d’une dizaine. La vente de gros volumes à petits prix et à faible qualité a changé la perception du vêtement par le consommateur. Aujourd’hui, leur durée de vie a été réduite de moitié et pourtant, un tiers de notre dressing n’est pas sorti du placard depuis au moins un an (Source : EEA).

Assumer ses impacts environnementaux
L’industrie textile a consommé plus de 79 milliards de m3 d’eau, émis 1 715 millions de tonnes de CO2 et produit 92 millions de tonnes de déchets en 2015 dans le monde. Ces chiffres vont augmenter de 50% d’ici 2030 selon les tendances (Source : GFA).
Ainsi, la quantité de déchets textiles s’accumule, principalement dans les décharges et incinérateurs. De plus, les fibres synthétiques épuisent nos ressources fossiles et polluent nos océans de microplastiques. Quant aux pesticides et produits chimiques, massivement utilisés pour la culture conventionnelle du coton et les processus de fabrication textiles, ils s’additionnent à l’énorme quantité d’eau consommée pour polluer les sols et les rivières.

Une dénonciation médiatique
La campagne Detox de Greenpeace en 2011 a mis en lumière l’utilisation massive de produits chimiques toxiques utilisés par l’industrie textile. Dès lors, les marques ont été obligées de se montrer plus transparentes.
Cependant, le greenwashing est de plus en plus courant dans l’industrie de la mode. En conséquence, les médias et les consommateurs se montrent méfiants des communications « 100% vertes » de certaines enseignes. Ces dernières doivent donc redoubler d’efforts pour prouver leur bonne foi.

Le réveil du gouvernement français
Suite à tous ces constats, le gouvernement a voté la Loi anti-gaspillage pour une économie circulaire, obligeant le monde du textile à s’adapter. Elle impose une communication environnementale transparente sur les substances, les impacts environnementaux et les gestes de tri à partir de 2022. Elle favorise aussi le réemploi et le recyclage des produits textiles.

Vous l’avez donc bien compris, ces défis sont interdépendants et difficiles à relever, compte tenu de la complexité de l’industrie textile. Cependant, le secteur se doit de répondre aux attentes des médias et des consommateurs. Une approche systémique et transversale est nécessaire pour relever ces défis.
Répondre à ces enjeux ne doit pas être considéré comme une contrainte, mais plutôt comme une opportunité de marché ainsi qu’une réponse à une demande de longue date.

Dans notre prochain article, nous vous expliquerons pourquoi nous sommes convaincus que l’éco-conception est l’approche adaptée à la situation.

Clara Barry
Ingénieure en éco-conception, animatrice du projet Eco-textile

Eco-conception.fr