« Quand nous avons engagé le projet d’association, les sujets de responsabilité sociale et environnementale était encore peu au cœur des préoccupations du secteur, précise Isabelle Lefort, cofondatrice PGF. Nous nous étions fixé l’objectif de faire de Paris la capitale d’une mode plus responsable, avec l’échéance forte des Jeux olympiques de 2024. Notre volonté était d’aborder ces sujets de manière concrète, opérationnelle et collective. A présent, nous avons une centaine d’entreprises et organismes membres qui représentent 60% du marché. Une réussite est que chacun dispose d’une voix mais participe à hauteur de son chiffre d’affaires dans le financement. Et je crois que notre pari de faire de Paris une place de la mode plus responsable est gagné. »
Alors que les JO vont animer la capitale française l’été prochain et que Paris vit depuis dix jours au rythme de la Fashion Week Homme et de la Semaine de la Haute Couture, l’association tire le bilan des années écoulées et fait le point sur les avancées qu’a connues le secteur. Elle a notamment appuyé une mise en commun des bonnes pratiques concernant les évènements mode. Même si, depuis la période Covid, les Fashion Weeks ont repris une envergure importante, multipliant les évènements physiques, le secteur a donc connu des avancées.
« Cela a été l’un des premiers chantiers dans lesquels les différents acteurs ont avancé collectivement et les pratiques ont réellement évolué avec des engagements aujourd’hui beaucoup plus respectueux de l’environnement », assure Isabelle Lefort.
Une approche pratique et collective
Depuis 2019, l’association aujourd’hui présidée par Sylvie Bénard revendique avoir porté une cinquantaine d’initiatives comme la création d’un guide pratique sur les principes de développement durable pour les jeunes créateurs de mode, l’implication dans le projet Tricolor qui vise à faire renaître une filière laine française, des initiatives sur la production de masques durant la pandémie de Covid-19 mais aussi la cartographie des acteurs de la mode durable. Ses champs d’action vont donc de la sensibilisation du public à la réflexion sur des sujets sur l’écoconception et le design inclusif. Et ses interlocuteurs louent l’approche pratique et la rapidité de mise en action des projets.
La consultation citoyenne menée grâce à Made.org dans toute la France avec plusieurs acteurs phares du secteur lui a permis de faire remonter les attentes de plus de 100.000 consommateurs. Mais c’est surtout avec ses outils, développés au contact du terrain, que Paris Good Fashion valide son utilité pour le secteur, créant notamment un guide de la digitalisation et un guide de la seconde main ou encore un guide de l’image durable. « Aujourd’hui ce qui attire le plus de visites sur notre site, c’est le glossaire de la mode durable, explique la fondatrice. C’est que le secteur a besoin d’un vocabulaire commun pour travailler dans le même sens ».
Au-delà des guides et conseils, au fil des semestres, l’association a aussi engagé des projets très concrets. L‘expérimentation sur la réduction des cintres et polybags a soulevé un sujet dont l’ampleur n’était pas quantifiée et surtout qu’aucune organisation ne souhaitait aborder seule. Après une analyse et un test en Ile-de-France, cette approche va être déployée à l’échelle nationale. Dans cet esprit, l’association met actuellement sur pied un projet concernant la réduction et la mutualisation des transports mais aussi une analyse sur les impacts réels de l’agriculture régénératrice dans l’empreinte carbone des entreprises.
Autant de sujets qui ne s’arrêteront pas en 2024. « Nous avons sept projets à déployer pour 2024, notamment concernant les avancées sur la méthodologie Act (Assessing Low Carbon Transition), sur laquelle nous avons travaillé avec le cabinet Deloitte et l’Ademe, le World Benchmarking Alliance et Climate Chance, explique Isabelle Lefort. La méthodologie vise à mesurer la stratégie de décarbonation des entreprises. Il va falloir encore accélérer dans les prochaines années car les entreprises et le secteur sont confrontés aux attentes des consommateurs ainsi qu’à un arsenal législatif qui se met en place sur ces sujets avec pas moins de seize textes européens qui vont encadrer les pratiques dans les prochaines années. Il s’agit de défis que les entreprises ne peuvent pas relever seules. Nous avons déjà travaillé sur la feuille de route pour la période 2024-2030. A présent, il est question de faire de Paris une capitale exemplaire de la mode durable à la fin de la décennie. »
Afin de gagner en visibilité et de porter sa vision à l’international, l’association a ainsi enrôlé François Souchet, qui ces cinq dernières années a travaillé sur les grands évènements de la fondation Ellen MacArthur, laquelle milite pour la circularité de l’économie.
Pour aller encore plus loin, la direction de l’association entend éviter les doublons avec d’autres organismes et se focaliser sur les sujets urgents comme la décarbonation, mais aussi l’inclusivité, la mise à l’échelle de nouveaux modèles ou l’industrialisation de solutions de recyclage de matières.
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