Ce soir, le Fiasco Club se réunit dans son bar préféré du 3e arrondissement de Paris. Autour d’un verre, les membres passent en revue leurs projets, discutent de l’actualité de la mode et expriment leurs préoccupations. Ce groupe de sept jeunes de 24 ans, photographes, peintres, stylistes, brodeurs et designers 3D, s’est réuni lors de leurs études de mode et de graphisme à l’école d’arts appliqués Duperré, où ils avaient déjà l’habitude de collaborer.
« Ensemble, nous nous sentons plus forts. Nous acquérons de nouvelles compétences », ont-ils déclaré. Diplômées d’un master pendant la pandémie, elles se considèrent comme la « classe maudite », celle qui a dû se tailler un espace dans un marché du travail étriqué où les débouchés sont rares. Alors autant prendre de l’avance et « créer son propre modèle de développement ».
Les sept ont fondé le Fiasco Club, un « laboratoire expérimental, sans chef ni ego, qui rend tout le monde égal ». Le club est une critique à peine voilée du « système archaïque et monarchique » de l’industrie de la mode, où un directeur artistique vedette domine au sommet de la hiérarchie. En fondant leur studio, le groupe espère préserver leur créativité, qu’ils craignent de voir s’éteindre dans le monde de l’entreprise, asservie à la machine à salaires.
« Nous craignons de devoir attendre des années pour se voir confier des missions intéressantes, et nous ne sommes pas forcément prêts à faire ce sacrifice », expliquent-ils. « Avec le collectif, nous pouvons travailler sur des projets avec des responsabilités que nous n’aurions jamais pu avoir dans une grande entreprise ».
Un esprit punk
Ils ne gagnent pas encore d’argent avec cette structure mais espèrent « percer » rapidement. D’autres l’ont fait avant eux, comme le collectif Gamut fondé en 2018 par des designers diplômés de La Cambre, l’école d’arts visuels de Bruxelles. En attendant, ils travaillent en freelance – tous sont indépendants – en acceptant des missions ponctuelles sans savoir de quoi demain sera fait, un choix plus ou moins contraint qui leur permet « d’avoir le temps de s’investir dans le collectif. »
Comme de plus en plus de jeunes diplômés et d’étudiants en école de mode, intégrer une grande maison de couture n’est plus un rêve. Et encore moins auprès des marques de fast fashion.
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