Mode durable et politique textile : Aligner l'opinion publique sur les actions de l'industrie pour un avenir plus vert #749

06/06/2023

Il y a quelque temps, le WRAP a publié un rapport sur les options politiques en matière de textile, accompagné d’une analyse coûts-bénéfices, fournissant un aperçu détaillé des mesures qui peuvent être prises en vue d’un avenir plus durable. Des données récentes d’Ipsos ont mis en évidence le niveau d’inquiétude du public concernant l’impact environnemental de l’industrie textile, renforçant l’importance du rapport du WRAP et la nécessité d’agir en faveur d’un avenir plus durable.

Le rapport souligne la nécessité de s’orienter vers une économie circulaire, dans laquelle les matériaux sont utilisés plus longtemps, les produits sont remis à neuf et les déchets sont réduits au minimum. Il présente une série d’options politiques, notamment la conception des produits et la sélection des matériaux, les mesures en faveur de l’économie circulaire et les interventions réglementaires. L’un des principaux enseignements est l’importance de la conception des produits et de la sélection des matériaux. En promouvant l’utilisation de matériaux durables et en encourageant la conception de produits durables et réparables, il est possible de réduire l’impact environnemental des textiles et des vêtements, tout en offrant aux consommateurs des produits qui durent plus longtemps.

Dans l’ensemble, le rapport du WRAP souligne la nécessité d’une collaboration au sein de l’industrie pour parvenir à une économie textile plus durable et plus circulaire. En mettant en Å“uvre une combinaison de mesures et en travaillant ensemble entre les créateurs, les fabricants, les détaillants et les décideurs politiques, il est possible de créer un meilleur avenir pour l’industrie de la mode.

Mais que pense le public de l’importance de la mode durable ?

Un récent rapport d’Ipsos Synthesio a révélé que les consommateurs en ligne au Royaume-Uni, aux États-Unis et en France se sont emparés des médias sociaux pour exprimer leur inquiétude quant à l’impact de l’ensemble de l’industrie de la mode sur l’environnement, qu’il s’agisse des déchets textiles, de la pollution ou des émissions de CO2. Les conversations en ligne sur la fast fashion ont augmenté de 52 % entre 2020 et 2022, et le sentiment négatif lié à ce sujet n’a cessé de croître. Les vêtements bon marché et à la mode sont passés au crible dans les conversations sur les médias sociaux, non seulement en raison de leur impact sur l’environnement, mais aussi à cause du traitement des travailleurs par les marques de fast fashion.

Les marques durables, les alternatives et les comportements d’achat sont au cÅ“ur des préoccupations des utilisateurs des médias sociaux. Entre 2020 et 2022, la mode durable a représenté 37,6 % des conversations liées à la mode dans les trois pays, tandis que l’upcycling y a contribué à hauteur de 16,9 %. Rien qu’en 2022, le volume des mentions de la mode durable a augmenté en moyenne de 13 %, l’augmentation la plus forte étant enregistrée au Royaume-Uni (16 %).

Ce que cela signifie pour les politiques

Plusieurs mesures peuvent favoriser une économie circulaire du textile. Des initiatives telles que le recyclage des textiles, la réutilisation des produits et les systèmes de responsabilité élargie des producteurs (REP) peuvent contribuer à prolonger l’utilisation des matériaux et à réduire les déchets.

De nombreux acteurs du secteur textile se sont engagés à réduire leur impact sur l’environnement. Textiles 2030 est une initiative volontaire menée par le WRAP qui cherche à engager les organisations britanniques de la mode et du textile dans une action commune en faveur du climat. À ce jour, dix-sept entreprises, représentant plus de la moitié des ventes de vêtements et de textiles au Royaume-Uni, ont signé l’accord, s’engageant à réduire leur impact sur le carbone de 50 % et leur impact sur l’eau de 30 %. L’initiative fournit également une « feuille de route pour 2030 » qui guide les signataires sur la manière dont ils peuvent atteindre ces objectifs ambitieux. Bien que l’initiative ne comprenne pas encore d’objectifs concernant les déchets textiles, elle vise à développer un objectif de réduction de la quantité de textiles vierges utilisés d’ici à 2025. Parmi les signataires de l’accord figurent le ministère britannique de l’environnement, de l’alimentation et des affaires rurales (Defra), ainsi qu’un certain nombre de marques, de détaillants et d’organisations de réutilisation et de recyclage.

Dans le secteur de la vente au détail, ces engagements se traduisent par des actions concrètes. Par exemple, le nombre de programmes de reprise de vêtements et de textiles en magasin et en ligne, ainsi que les banques d’apport, ont augmenté depuis 2019. Ces actions soutiennent l’évolution vers une économie plus circulaire en contribuant à prolonger la durée de vie utile des produits textiles et à augmenter la réutilisation et le recyclage. Toutefois, ces programmes mis en Å“uvre par les détaillants présentent actuellement certaines limites. Tout d’abord, les programmes de reprise des détaillants sont peu utilisés par le public, puisque seulement 2 % des personnes choisissent cette méthode pour faire don de leurs vêtements indésirables2. En outre, dans une enquête menée par le WRAP auprès des consommateurs, 15 % des personnes interrogées qui s’étaient débarrassées d’un article par l’intermédiaire d’un système de reprise des détaillants lors de leur dernier grand nettoyage ont déclaré qu’elles achetaient toujours de nouveaux vêtements au moment où elles déposaient leurs vêtements dont elles ne voulaient plus, et 20 % supplémentaires ont déclaré qu’elles le faisaient souvent3. Ces chiffres suggèrent que ces programmes peuvent, par inadvertance, encourager la consommation de textiles.

Outre les objectifs ambitieux et les engagements pris dans le cadre de Textiles 2030 (et conscient du fait qu’il existe actuellement certaines limites aux mesures volontaires prises par les détaillants dans le cadre de ces initiatives), le gouvernement prend des mesures pour réduire l’empreinte carbone des déchets du secteur textile.

La stratégie du gouvernement en matière de ressources et de déchets identifie les textiles comme un domaine clé de priorité politique. Bien que la nature et les détails d’une politique textile ne soient pas encore complètement établis, le gouvernement envisage des options telles qu’un système de responsabilité élargie du producteur (EPR).

Le gouvernement envisage également des actions telles que l’éco-conception et l’information des consommateurs.

Defra a demandé à Ipsos d’évaluer l’impact de cette politique dans le cadre d’une évaluation plus large de douze politiques différentes au sein de la stratégie, telles que le système de consigne (DRS). Le DRS ajoute une consigne au prix des produits vendus dans des contenants de boissons, qui peut ensuite être échangée lorsque le contenant est retourné à un point de retour. L’évaluation comprend une évaluation du processus des douze politiques ainsi que des évaluations économiques et d’impact de la stratégie globale. De plus amples informations sur cette recherche sont disponibles à l’adresse suivante : https://sciencesearch.defra.gov.uk/ProjectDetails?ProjectId=20815

Olivia Brajterman, directrice associée de l’équipe Énergie et environnement d’Ipsos et responsable de l’évaluation de la stratégie en matière de ressources et de déchets, déclare : « La crise des ressources et des déchets est aussi profonde qu’elle l’est en Europe :

La crise des ressources et des déchets est aussi profonde et complexe que la crise climatique. Elle nécessite une action de la part de toutes les parties de la société et appelle à des changements profonds dans les comportements et les pratiques commerciales. La stratégie en matière de ressources et de déchets a le potentiel de fournir un signal clair à la société et aux marchés, mais des preuves et une interprétation fiables sont nécessaires pour s’assurer que la stratégie va dans la bonne direction. Nous sommes ravis d’avoir été choisis pour faire exactement cela : fournir au gouvernement des informations qui permettront d’améliorer la mise en Å“uvre de la politique en matière de ressources et de déchets. »

En savoir plus – Ipsos.uk