Mode de seconde main en ligne : une tendance à la surconsommation #441

05/07/2022

L’achat et la vente des vêtements de seconde main en ligne sont plébiscités par les Français qui veulent faire des économies en protégeant l’environnement, mais des chercheurs mettent en garde: cette solution favorise la surconsommation.

Pour les 19 millions d’utilisateurs français revendiqués par Vinted, revendre sur cette plateforme lituanienne les vêtements dont ils ne veulent plus vise avant tout à faire des économies, surtout dans un contexte de perte de pouvoir d’achat. Mais l’opportunité de donner « une seconde vie » à ses vêtements, vantée par l’entreprise, fait aussi écho chez les consommateurs.

Selon une étude de l’institut Kantar, 46 % des personnes qui achetaient en 2020 des vêtements de seconde main le faisaient aussi « par souci d’écologie, pour limiter le gaspillage ». […]

Le Bon coin, Videdressing, Vinted, Vestiaire collective… il existe des dizaines de plateformes pour revendre ses vêtements en ligne, mais Vinted à lui seul captait 70 % des achats en 2020, selon Kantar.

Une « boulimie d’achat »

« Les sites d’occasion poussent à une boulimie d’achat. Pour le même prix qu’un vêtement neuf, on peut en acheter trois ou quatre », critique Dominique Roux, chercheuse à l’Université de Reims, spécialisée dans les modes de consommation alternatifs. En 2019, les acheteurs de mode qui consommaient de la seconde main en plus du neuf avaient tendance à acheter davantage que ceux qui achetaient exclusivement du neuf, souligne Kantar, avec sept actes d’achat en plus par an en moyenne.

« Si l’achat de seconde main remplace un achat neuf, on gagne (l’impact environnemental) de la première vie du vêtement », explique Maud Herbert, co-fondatrice de la chaire Tex & Care à l’IAE Lille. Cependant, ce modèle n’est pas viable écologiquement car pour la chercheuse, « c’est une forme alternative de surconsommation ». Selon Elodie Juge, docteure en sciences de gestion à l’Université de Lille, le modèle de fonctionnement de certaines plateformes, comme Vinted, est en cause. « Il y a une accélération : pour que la plateforme soit vivante, il faut l’alimenter souvent, il faut de la rotation » dans les produits, explique-t-elle. « Celles qui font tourner les plateformes, ce sont les modeuses, qui commandent sur Zara, H&M, Shein, portent leurs robes deux fois et les revendent. » Pour Elodie Juge, ces plateformes de vente de seconde main répondent au besoin « d’être toujours à la mode ».

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