Metaverse : les questions que personne ne se pose #313

17/01/2022

Le metaverse est-il vraiment bon pour le monde ? Selon Doug Stephens, les marques auraient tout intérêt à intégrer dès le départ des enjeux environnementaux et sociaux au sein de leur stratégie de développement digital.

Aucune perspective technologique ne suscite actuellement plus de d’emballement et d’investissements que le metaverse, et ce pour une bonne raison. Le metaverse – essentiellement une réalité parallèle composée de mondes connectés et interopérables, rendue vivante par des technologies telles que la réalité augmentée et virtuelle, avec une activité commerciale soutenue par la blockchain – a le potentiel de modifier non seulement notre vie de consommateur, mais aussi notre mode de vie tout entier.

Dans un avenir pas si lointain, les gens pourraient passer une grande partie de leur temps à travailler, à apprendre, à jouer et, bien sûr, à faire des achats dans le metaverse, où les actifs virtuels – des vêtements aux biens immobiliers – pourraient prendre une valeur sociale et économique équivalente, voire supérieure, à celle des possessions physiques […] Mais comme pour toute avancée technologique importante, il y a trois questions cruciales que les marques doivent se poser avant de plonger dans le metaverse.

Est-ce possible ? […] Est-ce probable ? […] Et enfin, est-ce préférable ? Cette troisième question, peut-être la plus cruciale, est une question que j’ai à peine entendu poser. Si le metaverse est effectivement possible et probable, la question est de savoir s’il améliorera ou exacerbera les problèmes auxquels la société est actuellement confrontée, de la mauvaise santé mentale à la crise climatique.

Aujourd’hui, les experts constatent non seulement une augmentation de l’insomnie, de la solitude, de la dépression et du suicide chez les adolescents, mais ils sont également en mesure d’établir des corrélations avec l’utilisation accrue des médias sociaux, vitrine virtuelle de modes de vie qui peuvent entraîner des sentiments accrus d’inadéquation et d’anxiété. Considérez maintenant que, dans le metaverse, vous êtes susceptible d’être jugé non seulement sur votre apparence dans le monde réel, mais aussi sur la façon dont votre avatar est paré, sur vos baskets virtuelles ou vos cosmétiques virtuels. Votre adresse sur une plateforme comme Decentraland peut avoir autant d’importance que votre adresse dans le monde réel. […]

Qu’en est-il de l’impact sur la créativité ? Certains célèbrent le passage aux biens virtuels comme la « démocratisation du design », donnant à toute personne ayant de l’imagination et un accès à des technologies simples la possibilité de devenir un créateur de mode. Mais regardez ce que la démocratisation de la technologie d’enregistrement a fait pour les revenus des musiciens et des auteurs-compositeurs ou la qualité générale de la musique. Nous avons appris que plus n’est pas toujours synonyme de mieux et que la démocratisation est parfois synonyme de marchandisation.

[…] À elle seule, l’industrie de l’habillement générerait 8 % des gaz à effet de serre dans le monde. Le metaverse n’offre guère de solution à ce problème, car la puissance énergétique nécessaire pour construire et stocker ce monde sera tout simplement astronomique. Pour illustration, des études sur les plates-formes de jeux, estiment que si seulement 30 % des joueurs de jeux vidéo passaient à des plates-formes de jeux stockées sur le cloud d’ici 2030, les émissions de carbone, résultant de l’augmentation de la puissance informatique requise, augmenteraient de 30 %. Imaginez maintenant le tribut prélevé par une planète entière passant à un metaverse basé sur le cloud. Il est probable que tous les gains environnementaux possibles, tels que la diminution des déplacements quotidiens pour se rendre au travail ou la réduction des niveaux de consommation de vêtements physiques, seraient entièrement effacés.

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