Matériaux: quelles évolutions durables dans les productions textiles et cuir ? #96

31/10/2020

Dans son rapport 2020, Textile Exchange montre une stabilité dans les productions de polyester et coton, qui demeurent les matériaux stars de la filière. Mais le rapport montre également, au sein même de chaque type de matériaux, un renforcement de la part des productions adoptant des exigences sociales et/ou environnementales.

D’un point de vue global, les chiffres tirés de l’exercice 2019 montrent un marché dominé à 52,2% par le polyester, et à 23,3% par le coton. Si le premier renforce légèrement sa part de marché (+0,7 point), le second connait une légère contraction (-1,2 point) au profit des autres matériaux à base de plantes. Jute, fibre de coco, lin, sisal et autres pèsent ainsi désormais 5,9% du marché.

Les polyamides affichent de leur côté des niveaux stables entre 2018 et 2019, représentant 5% du marché. De même que les autres fibres synthétiques, qui représentent toujours 5,7% de part de marché, avec dans les rangs les élasthannes recyclés (Roica, Lycra Ecomade, Sheiflex, Spanflex…) et acryliques recyclés (ex: Acrycycle) ou encore les élasthannes (ex: Lycra 162R) et polyuréthanes (ex: Susterra) produits à bases de matériaux naturels.

Stabilité également du côté des fibres cellulosiques. Celles-ci captaient l’an passé près de 6,5% de parts de marché. La viscose domine toujours largement ce domaine (79%), devant l’acétate (13%), le lyocell (4,3%) et le modal (2,8%).

Du côté des fibres animales, le rapport chiffre par ailleurs à environ 1% la part de la laine de mouton, contre 0,05% pour les laines d’autres animaux. Auxquelles s’ajoutent les plumes (0,024% de part de marché) et la soie (0,001%).

Si le marché mondial des fibres a atteint les 111 millions de mégatonnes en 2019, et devrait atteindre les 146 millions en 2030 si la tendance devait se poursuivre, la production mondiale de cuir s’établirait quant à elle autour de 7 millions de mégatonnes.

Virage progressif vers des matériaux recyclés ou naturels

Le rapport est aussi l’occasion pour Textile Exchange de se pencher sur la place de ce que l’organisme désigne comme les “Preferred Materials”. Des matières dont la production a intégré des engagements sociaux ou environnementaux. De 2013 à 2019, la part de la production de coton vierge correspondant est ainsi passée de 5 à 25 % de la production totale de coton, pour atteindre 6,4 millions de mégatonnes sur un total de 25,7 millions. Se pose naturellement la question du coton recyclé, qui reste pour l’heure marginal dans la filière. La fondation Ellen MacArthur estimait récemment que seul 1 % des vêtements sont pour l’heure recyclés, au niveau mondial.

Du côté de la fibre-reine, le polyester recyclé représentait l’an passé 14% des 57,7 millions de mégatonnes de polyester produit. Soit une progression de 5 points sur la décennie écoulée, malgré un fléchissement en 2018. “La principale raison du déclin en 2018 était l’interdiction d’exporter différents types de déchets solides, y compris bouteilles en plastique et déchets textiles en polyester, vers la Chine”, explique Textile Exchange. “Les prix des polyesters recyclés ont augmenté en réaction à l’interdiction. En raison de l’interdiction, une grande partie des déchets ont été envoyés dans d’autres pays, tels que la Malaisie, le Vietnam et la Thaïlande”.

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