Ce changement d’appellation marque la fin de la mission d’intérêt général à laquelle s’étaient dédiées les 227 entreprises constituant l’association, permettant la création de plus de 200 millions de masques et de quelque 15 millions de blouses. Une initiative dont il faut se souvenir qu’elle est venue des industriels eux-mêmes, face à la multiplication en mars 2020 des sollicitations venant d’établissements de santé et municipalités. Amenant à la constitution progressive de Savoir Faire Ensemble, sous l’impulsion du Comité Stratégique de Filière (CSF) Mode et Luxe. Une mobilisation à laquelle Bercy était venue apporter soutien et encadrement durant le mois suivant, fixant notamment des objectifs en termes de production.
Le manque de production française de masques jetables, et les appels d’Emmanuel Macron à rétablir une souveraineté industrielle tricolore, avaient très rapidement invité dans le débat la relocalisation de production textile. Et ceci d’autant plus que la crise aura poussé les fabricants de matériaux et façonniers à renouer un contact qui, de leur propre aveu, s’était perdu durant les dernières décennies. Une filière rassemblée dont le Made in France devient avec « Façon de Faire » un objectif prioritaire.
Les membres de l’association « ont décidé de continuer à œuvrer ensemble à la réindustrialisation de la filière textile et habillement en France », indique aujourd’hui celle-ci. « Façon de faire » s’attachera à faire rayonner le savoir-faire des ateliers textiles et habillement français, en s’appuyant sur les méthodes collaboratives innovantes imaginées dans l’urgence en 2020. Elle s’emploiera à faciliter la mise en relation commerciale avec les donneurs d’ordres: entreprises, marques, collectivités, grande distribution ».
Une première opération vient illustrer ces nouvelles ambitions. A l’été 2022, quelque 200 magasins du réseau Système U proposeront à la vente 28 pièces d’habillement confectionnées par 16 ateliers et fabricants, qui génèrent 250 emplois. Opération qui « ouvre la voie à un nouveau modèle économique en circuit court et un redéveloppement de la filière en France ».
Resilience et F2M
Le groupement Résilience, qui a lui coordonné les entreprises de l’économie sociale et solidaire (ESS) dans la fabrication de masques textiles, se rebaptise de son côté Low Impact. Après les masques, le collectif entend maintenir les 2.000 emplois créés durant la crise et entend se tourner vers la production de tee-shirts solidaires réalisés à 100% en coton labellisé Oeko-tex.
Après avoir déployé en mai 2020 à Roubaix un atelier de 120 personnes en collaboration avec Décathlon, Le Bon Coin ou Jules, Low Impact a l’intention de déployer à l’automne prochain cinq hubs textiles. Des lieux de productions répartis stratégiquement à travers la France afin de permettre aux partenaires de développer des produits localement tout en en contrôlant chaque étape de production.
Le syndicat F2M (Fabricants Français de Masques jetables ou lavables), qui s’était lui constitué en septembre 2020, entend également continuer à œuvrer à la réindustrialisation française en sécurisant l’approvisionnement de produits sanitaires stratégiques. Et se donne au passage comme objectif de réduire l’empreinte environnementale de ceux-ci, tout en garantissant des prix stables indépendamment du contexte sanitaire.