L’industrie de la mode n’a pas réussi à réduire ses émissions en 2022 #575

04/11/2022

Depuis 2020, la majorité des acteurs de la chaîne de valeur de la mode (des producteurs de matières premières aux fabricants de vêtements et marques, ainsi que d’autres organisations) à travers le monde ont signé la Charte de l’industrie de la mode pour l’action climatique, initiée par les Nations Unies, s’engageant à réduire à zéro leurs émissions d’ici 2050. Si cet engagement s’inscrit sur la durée et nécessite de nombreux aménagements pour être efficace, l’objectif est loin d’être atteint pour l’heure.

Dans son rapport 2022 sur les émissions de la chaîne d’approvisionnement de la mode, Stand.earth dévoile que l’industrie de la mode est responsable de 5 à 8 pour cent des émissions climatiques annuelles. En 2022, elle a même augmenté ses émissions de carbone, un an après s’être engagée à les réduire.

L’année dernière, Stand.earth a publié une analyse similaire de neuf des plus grandes marques signataires de la Charte de l’industrie de la mode pour l’action climatique des Nations unies, en comparant la trajectoire des émissions de leur chaîne d’approvisionnement avec une trajectoire de 1,5 degré. L’analyse a révélé qu’à moins de procéder à des changements significatifs, les neuf marques ne parviendront pas à réduire leurs émissions de 55 pour cent d’ici 2030 comme cela a été annoncé.

Avec son nouveau rapport, Stand.earth demande aux entreprises de rendre compte des progrès qu’elles ont réalisés au cours de l’année écoulée. « Si l’action climatique est un podium, la plupart de ces marques cherchent encore la loge. Les données sont claires : les grandes marques de mode doivent s’engager et faire davantage pour réduire leurs émissions de carbone. Lors de la COP26, toutes ces marques ont renforcé leurs engagements dans le cadre de la charte de la mode des Nations unies, promettant de réduire de moitié leurs émissions d’ici à 2030. Pourtant, malgré quelques petits signes de progrès, la plupart d’entre elles ne font pas qu’échouer, elles empirent même », a déclaré dans un communiqué, Rachel Kitchin, chargée de campagne sur le climat dans les entreprises pour Stand.earth. « Ces résultats montrent de manière inquiétante que ces marques n’agissent pas pour décarboniser leurs chaînes d’approvisionnement, d’où provient la grande majorité des émissions nuisibles au climat »

Une année 2021 encourageante et une année 2022 décevante

L’année dernière, certains signes de progrès avaient pourtant été observés selon le rapport : deux des marques évaluées, Levi’s et VF Corp, affichaient une trajectoire d’émissions en baisse constante, et Kering et H&M ont récemment pris des engagements importants pour éliminer progressivement les combustibles fossiles. Depuis la COP26, H&M s’est engagé à éliminer progressivement le charbon sur site d’ici 2025 et à faire passer sa chaîne d’approvisionnement à une électricité cent pour cent renouvelable d’ici 2030. Si de nombreuses marques ont enregistré une baisse des émissions en 2020, les émissions de la chaîne d’approvisionnement de huit marques sur dix ont à nouveau augmenté en 2021, ce qui les éloigne encore plus de leurs objectifs en matière d’émissions, explique le rapport. La marque Lululemon est celle qui a connu la plus forte augmentation des émissions de sa chaîne d’approvisionnement, avec une croissance de plus de 60 pour cent en un an.

Stand.earth accuse aussi certaines marques de ne pas faire preuve de transparence quant à l’évolution de leurs engagements.

Pour réaliser ce rapport, Stand.earth s’est basée sur les données relatives aux biens et services achetés, rapportées par les entreprises dans leurs rapports de développement durable ou annuels. Stand.earth est une organisation environnementale fondée en 2000. Elle utilise des méthodes d’éducation publique, de plaidoyer, de protestation, de négociation et d’action directe non-violente pour atteindre ses objectifs.

Fashion United

Pour accéder directement au rapport, c’est ici