L'Etat débloque des fonds pour trouver des nouvelles solutions de recyclage #242

16/09/2021

La ministre de la Transition écologique Barbara Pompili a annoncé lundi une enveloppe de 370 millions d’euros pour soutenir le recyclage et sa R&D. L’objectif est de trouver des solutions pour les déchets peu ou pas recyclables. Seuls 21 % des plastiques sont aujourd’hui traités.

Chaque année, la France consomme 800 millions de tonnes de matières et génère 350 millions de tonnes de déchets. Si 66 % sont recyclés, les taux varient beaucoup selon la nature du déchet : plus de 70 % dans la construction, contre 21 % seulement pour les plastiques. Pas de recyclage si la solution technique n’existe pas, ce qui est encore souvent le cas, notamment dans le plastique et les composites.

Afin d’accroître l’économie circulaire, l’Etat va massivement soutenir la R&D, a annoncé lundi la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili à l’occasion de la visite de Skytech, une entreprise innovante de recyclage des plastiques basée dans les Yvelines.

Stratégie 3R

La nouvelle stratégie dite « 3R », pour « Recyclabilité, Recyclage et Réincorporation des matériaux », s’appuie sur le « plan d’investissement d’avenir quatre » (PIA 4) doté de 600 millions d’euros d’ici à 2027. Dans ce cadre, « le gouvernement va engager 370 millions d’euros de nouveaux fonds PIA pour cette stratégie, et c’est un effort sans précédent », a affirmé Barbara Pompili en précisant que « les soutiens porteront d’abord sur le R&D avec 310 millions d’euros pour mettre au point des solutions de recyclage plus performantes ».

Cinq matériaux sont concernés : les plastiques, les matériaux composites, les textiles, les papiers cartons et, en priorité, les matériaux stratégiques dont la France a besoin, comme les batteries électriques, les aimants permanents d’éoliennes […]. « Notre ambition est de disposer d’ici à 2030 des capacités industrielles pour recycler 100 % des batteries électriques, produire 2 millions de tonnes de plastique recyclé d’ici à 2025 et les réincorporer, et multiplier par quatre le recyclage du textile d’ici à 2025 », a poursuivi la ministre. […]

La pénurie aide le recyclage

La crise sanitaire et les pénuries qu’elle engendre ont modifié le discours gouvernemental qui met aujourd’hui l’accent sur la sécurité d’approvisionnement et l’indépendance qu’assure le recyclage.

Mais impossible de garder les déchets français en France s’il n’existe pas de filière de recyclage ou de demande pour du recyclé. « Chaque année, des dizaines de millions de tonnes de déchets recyclables sont exportées hors de France faute de disposer des capacités industrielles suffisantes et de débouchés suffisamment pérennes » pour les matières recyclées, reconnaît la ministre.

Pas seulement parce que la France manque de technologies de recyclage. Mais aussi car il n’y a pas assez de demande pour du recyclé dans un pays désindustrialisé. D’autant que les entreprises clientes rechignent à en utiliser tant que la réglementation ne les y contraint pas.

« Ce sont surtout les gros industriels, qu’il faudrait convaincre de jouer le jeu », remarque le président de Skytech. A cet égard, l’actuelle pénurie de matière vierge change aujourd’hui la donne. Les industriels n’ont plus le choix et recourent donc davantage à du recyclé. « La crise a eu au moins cet effet positif », confirme Barbara Pompili.