Les victoires de la mode en 2021 #303

04/01/2022

Des grandes avancées pour les travailleurs de l’habillement aux avancées dans le domaine des matériaux durables, panorama des progrès réalisés par le secteur au cours d’une année extraordinaire.

De toute évidence, beaucoup de choses ont mal tourné cette année. Pour commencer, nous en sommes à la neuvième saison de ce que nous pensions être une pandémie d’une saison. Cependant, parmi le déluge de mauvaises nouvelles, nous avons été témoins de progrès, et la mode en particulier a connu quelques victoires importantes en matière d’environnement et de droits de l’homme. Résumé des quelques raisons de faire se réjouir.

Victoire des travailleurs

Confrontés à la suspension des salaires, aux démantèlement syndical et aux conditions de travail dangereuses, les travailleurs de l’habillement et les organisations syndicales ont été occupés à s’organiser, gagnant au passage du terrain dans la lutte pour les droits des travailleurs de l’habillement.

L’accord du Bangladesh, établi à la suite de l’effondrement du Rana Plaza en 2013, a permis d’identifier 87 000 problèmes de sécurité dans les usines de confection du Bangladesh et d’en éliminer 90 %. Risquant d’expirer au début de cette année alors que les marques cherchaient des options plus faciles qui leur permettaient de ne pas être légalement et financièrement responsables des problèmes de sécurité, une campagne concertée a permis d’intensifier la pression des citoyens. En conséquence, l’accord juridiquement contraignant n’a pas seulement été prolongé, il a été élargi. Désormais connu sous le nom d’Accord international pour la santé et la sécurité dans l’industrie du textile et de l’habillement, l’accord promet d’étendre le programme à d’autres pays, contribuant ainsi à protéger un plus grand nombre de travailleurs de l’habillement.

La Californie a connu une autre grande victoire pour les travailleurs de l’habillement lorsque la loi S.B. 62 (connue sous le nom de Garment Worker Protection Act) a été adoptée. L’État exige désormais le versement d’un salaire horaire minimum aux travailleurs de l’habillement et interdit le travail à la pièce, une pratique selon laquelle les travailleurs sont payés à la pièce, ce qui se traduit souvent par un taux horaire équivalent à moins de 3 dollars. […]

Legislation is the new black

La prochaine grande tendance de la mode ? La législation. Plus précisément, une législation visant à lutter contre le greenwashing et la destruction de l’environnement par les marques de mode. En mars, l’Union européenne a approuvé la proposition de directive sur « l’obligation de diligence en matière de droits de l’homme, d’environnement et de bonne gouvernance« , ce qui signifie que, lorsqu’elle sera entrée en vigueur, les entreprises devront payer une amende si elles causent un préjudice en ne faisant pas preuve de toute la vigilance requise. Les entreprises, y compris les marques de mode, devront assumer la responsabilité de l’ensemble de leur chaîne d’approvisionnement, en veillant notamment à prévenir le travail des enfants, à autoriser la liberté d’association et à protéger la biodiversité.

En octobre, l’autorité britannique de la concurrence et des marchés a annoncé la mise en place du code des allégations vertes (Green Claims Code). Les marques qui font des déclarations trompeuses ou vagues sur le développement durable, des déclarations qui ne sont pas étayées, qui omettent des informations et qui ne prennent pas en compte l’ensemble du cycle de vie d’un produit pourraient, à partir de janvier 2022, se retrouver en infraction avec les lois de protection des consommateurs. Ainsi, une marque de fast-fashion qui présente une collection « durable » sans indiquer exactement ce qui la rend durable ne sera plus tolérée.

Des mesures à plus petite échelle ont également été prises, comme le projet du Massachusetts d’ajouter les textiles à la liste des matériaux dont l’élimination est interdite dans l’État, afin de stimuler les taux de recyclage et de favoriser le réemploi des ressources. Le Royaume-Uni a annoncé qu’il mènerait une consultation sur un système de responsabilité élargie du producteur (dans le cadre duquel les producteurs assument la responsabilité physique ou financière de l’élimination des marchandises) pour les textiles ; la Commission fédérale du commerce des États-Unis doit revoir ses Green Guides (sa version du code des allégations écologiques) l’année prochaine ; l’UE a proposé des mesures plus strictes en matière de rapports extra-financier pour les grandes entreprises ; et un groupe de plus de 50 marques, fournisseurs, ONG, détaillants et associations a soutenu une demande de Textile Exchange à la COP26 visant à encourager l’utilisation de matériaux « environnementalement préférables ».

Fermer la boucle

Alors que certaines marques produisent tellement qu’elles peuvent tout donner gratuitement – comme nous l’avons vu lors du Black Friday – des régions comme le désert d’Atacama au Chili sont devenues de véritables décharges de mode. Empilés, les vêtements mis au rebut permettent aux marques et aux consommateurs de constater l’impact d’un système de mode linéaire et rapide comme l’éclair. En réponse à cette situation, les entreprises de mode commencent à adopter des pratiques circulaires afin de maintenir les vêtements, les textiles et les fibres dans la boucle et d’éviter les déchets.

Cette année, des marques comme Nike, Mara Hoffman, Raeburn et Rachel Comey ont rejoint les rangs des entreprises qui adoptent la revente par le biais de leurs propres plateformes et de partenaires comme Responsible et Recurate. Net-a-Porter et Harvey Nichols offrent désormais aux utilisateurs la possibilité de vendre des vêtements usagés, tandis que Vestiaire Collective a lancé un nouveau tag « Brand Approved » en partenariat avec Alexander McQueen, qui invite les clients de confiance à vendre leurs pièces non portées, qui sont ensuite authentifiées par Vestiaire Collective et la marque.

Bien sûr, la circularité ne doit pas commencer avec la fin de vie, et doit être pensée dès la phase de conception. À cette fin, ASOS, en partenariat avec le Centre for Sustainable Fashion, a publié en novembre son Circular Design Guidebook. Cette ressource gratuite et interactive est conçue pour aider les designers et les étudiants à « créer des produits de mode qui soutiennent l’économie circulaire ». La Fondation Ellen MacArthur a également lancé un ouvrage similaire en décembre. Ce livre, intitulé Circular Design for Fashion, comprend des contributions de Bethany Williams, Marine Serre et Duran Lantink, entre autres. Le guide d’ASOS propose notamment de rendre les plans de pose plus efficaces pour minimiser les déchets, la durabilité des produits et les technologies de recyclage des textiles, tandis que l’offre d’Ellen MacArthur vise à « remodeler l’ensemble du système ».

 

Lire l’article complet (en anglais) sur Dazed