Les textiles usagés de l'Europe constituent un problème croissant de déchets et d'exportations #681

27/02/2023

Les textiles mis au rebut en Europe, y compris les vêtements et les chaussures usagés, constituent un problème croissant de déchets et d’exportations. L’augmentation rapide des exportations de textiles usagés de l’UE – dont une partie est réutilisée et l’autre finit dans des décharges – montre que l’Europe doit relever le défi de la gestion de ses propres textiles usagés, selon une note d’information de l’Agence européenne pour l’environnement (AEE) publiée aujourd’hui.

La quantité de textiles usagés exportés par l’Union européenne (UE) a triplé au cours des deux dernières décennies, et les quantités pourraient encore augmenter, selon le briefing de l’AEE intitulé « EU exports of used textiles in Europe’s circular economy ». Cette note d’information se fonde sur une analyse plus détaillée réalisée par le Centre thématique européen de l’AEE sur l’économie circulaire et l’utilisation des ressources.

L’Europe est confrontée à des défis majeurs en matière de gestion des textiles usagés, qui devront faire l’objet d’une collecte sélective dans l’UE d’ici 2025. Les capacités de réutilisation et de recyclage étant limitées en Europe, une grande partie des vêtements et autres produits textiles mis au rebut et donnés sont exportés en Afrique et en Asie. L’idée répandue dans le public selon laquelle les dons de vêtements usagés sont toujours utiles dans ces régions ne reflète pas la réalité. Une fois exportés, le sort des textiles usagés est souvent incertain, selon le briefing de l’AEE qui examine les modèles et les tendances des exportations de textiles usagés de l’UE de 2000 à 2019.

Selon les données analysées des Nations unies, les exportations de textiles de l’UE ont augmenté et sont passées de destinations principalement africaines à des destinations africaines et asiatiques. Le briefing montre également comment certains défis liés à ces exportations sont abordés dans les politiques actuelles et proposées de l’UE. Dans la stratégie de l’UE sur les textiles durables et circulaires, publiée en mars 2022, la nécessité de relever les défis liés aux exportations est spécifiquement mentionnée.

Principales conclusions :
La quantité de textiles usagés exportés par l’UE a triplé au cours des deux dernières décennies, passant d’un peu plus de 550 000 tonnes en 2000 à près de 1,7 million de tonnes en 2019.
La quantité de textiles usagés exportés en 2019 représentait en moyenne 3,8 kilogrammes par personne, soit 25 % des quelque 15 kg de textiles consommés chaque année dans l’UE.
En 2019, 46 % des textiles usagés exportés par l’UE ont fini en Afrique. Ces textiles sont principalement destinés à une réutilisation locale, car il existe une demande de vêtements usagés bon marché en provenance d’Europe. Ce qui ne peut pas être réutilisé finit la plupart du temps dans des décharges à ciel ouvert et dans des flux de déchets informels.
En 2019, 41 % des textiles usagés exportés par l’UE ont fini en Asie. La plupart de ces textiles sont dirigés vers des zones économiques dédiées où ils sont triés et traités. Les textiles usagés sont ensuite majoritairement downcyclés en chiffons industriels ou en garnitures, ou réexportés pour être recyclés dans d’autres pays d’Asie ou réutilisés en Afrique. Les textiles qui ne peuvent être recyclés ou réexportés finissent probablement dans des décharges.
Les produits en fibres biosourcées : offrent-ils une alternative plus « verte » ?

Les fibres biosourcées utilisées dans l’habillement et d’autres produits textiles sont souvent considérées comme des alternatives plus durables, mais un nouveau rapport technique du Centre thématique européen sur l’économie circulaire et l’utilisation des ressources de l’AEE démontre que ce tableau doit être nuancé.

Si les fibres biosourcées offrent la possibilité de s’éloigner des textiles synthétiques fabriqués à partir de plastiques (principalement dérivés du pétrole et du gaz), elles sont à l’origine d’autres pressions environnementales, notamment l’utilisation de l’eau et des sols liée aux activités agricoles, à la déforestation et au traitement des fibres. En outre, le rapport souligne que leur origine biosourcée ne les libère pas des préoccupations environnementales liées aux microfibres, aux déchets et à la recyclabilité.

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