« Tout le monde vend du vintage aujourd’hui, commente Sylvie Chateignier, à la tête du concept-store Thanks God I’m a Vip (Xème arrondissement) et qui récemment ouvrait sa troisième boutique. A Paris, si pendant longtemps le quartier des Halles était la Mecque du vintage, l’offre a aujourd’hui explosée dans tous les arrondissements. Une tendance de fond qui traduit à la fois une évolution de la société avec une nouvelle génération de consommateurs plus sensible au circuit-court et au recyclage, et qui marque aussi une volonté de sortir de sa zone de confort stylistique ».
Nerf de la guerre pour réussir dans le métier, le sourcing: « C’est aujourd’hui la clé numéro un pour espérer sortir du lot, explique Gauthier Borsarello, à l’origine du magasin Le Vif, spécialiste du vintage américain, et récemment nommé à la direction artistique de la marque De Fursac. Sans sourcing précis et garanti, je n’aurais jamais lancé de fripe.[…] ».
[…] « Attention cependant aux menteurs, ajoute Gauthier Borsarello. Beaucoup font aujourd’hui croire qu’ils vendent du luxe en adoptant un cadre propret et chic. Acheter des produits de mauvaise qualité, poser une enseigne ‘vintage spécialiste’ et réaliser des grosses marges derrière est à la portée de tous. D’autres vont même plus loin aujourd’hui, en faisant blanchir au soleil des tee-shirts des années 90 et tentent de faire passer ces pièces pour des trésors des années 70. Voilà les risques et dangers de la démocratisation du vintage, un marché qui a pourtant tout en main pour devenir mûr et propre. […] « .
Avec l’accélération de la concurrence, le marché du vintage serait également en voie de segmentation. A Paris, Noir Kennedy, rue du Roi de Sicile, s’est ainsi spécialisé sur les pièces rock, gothique et punk des années 60 aux années 80. Dans la même rue, Mam’zelle Swing s’intéresse au rétro des années 20 aux années 60. Falbalas, au marché aux puces de Saint-Ouen collectionne les pièces de la fin du XIXème-début XXème. Compil Store, nouvelle adresse de la rue Notre-Dame-de-Nazareth vise les années 70, 90 et 2000, Hippy Market privilégie les vêtements inspirés par l’époque Woodstock et Flower Power…
« Si nous ne sommes pas encore au stade de villes comme Los Angeles, la concurrence plus féroce oblige en effet les acteurs à trouver leurs spécialités, explique Gauthier Borsarello […] « le vintage par définition, représente le meilleur d’une époque donnée, insiste Sylvie Chateignier, notre philosophie est donc de représenter le meilleur de toutes les époques en partant d’un fondamental, la qualité du tissu, et en sélectionnant des pièces toujours portables, qui ne tombent jamais dans le déguisement ».