Maillots de bain, baskets, et même cartes de crédit : la mode crée des articles à partir de plastiques recyclés en extrayant les déchets de l’océan ou des zones côtières pour leur donner une seconde vie sous forme de matière première. Cependant, ces efforts ne sont pas aussi glorieux que ce que l’on voudrait nous faire croire.
« Un maillot de bain [fabriqué] en plastique recyclé ne m’enthousiasme pas. Il ne résoudra pas vraiment le problème du plastique tant que nous ne réduirons pas les plastiques que nous fabriquons », déclare Jackie Savitz, responsable des politiques de l’organisation à but non lucratif Oceana. « Nous ne pouvons véritablement pas collecter, traiter et utiliser les plastiques assez rapidement. La véritable solution est d’arrêter de fabriquer autant de plastique. »
Pourtant, c’est sur le plastique recyclé, et non sur l’élimination du plastique, que les grandes marques semblent consacrer la majeure partie de leur énergie. Gap Inc. augmente son utilisation de polyester recyclé – qui, dans le monde d’aujourd’hui, est fabriqué à partir de plastique et non de polyester existant – et s’attaque aux « plastiques inutiles et problématiques » dans ses opérations. Les géants du vêtement de sport, dont Adidas, comptent sur le plastique recyclé comme élément clé de leurs portefeuilles de matériaux durables. Et des marques de luxe comme Prada et de nombreuses marques de maillots de bain utilisent l’Econyl, un nylon fabriqué à partir de filets de pêche mis au rebut.
En l’honneur de la Journée mondiale des océans, la semaine dernière, ces marques et d’autres ont fait la promotion de produits fabriqués à partir de déchets plastiques et se sont engagées dans des campagnes axées sur la santé des océans – Adidas, par exemple, a organisé des nettoyages de plages ; Prada a soutenu la numérisation du musée de la mer de Milazzo ; et Gap a lancé une ligne de cartes de crédit fabriquées avec un matériau en plastique recyclé.
Face à la pression croissante du public pour améliorer leur empreinte environnementale, les marques se sont tournées vers le plastique recyclé ou les déchets océaniques – sous la forme de polyester recyclé ou par le biais de matériaux de marque ou de partenariats tels qu’Econyl et Parley for the Oceans – pour atteindre leurs objectifs en matière de « matériaux durables » et réduire les déchets et l’empreinte carbone. Les experts sont sans équivoque : le plastique recyclé est meilleur que le plastique vierge et tout effort visant à réduire ou à éliminer les plastiques des océans est presque inévitablement une démarche positive.
Le problème, c’est que, trop souvent, le recyclage est ajouté aux activités existantes des entreprises, parallèlement à l’augmentation de la consommation totale de plastique, plutôt que dans le cadre d’un abandon total de celui-ci. Selon M. Savitz, c’est là que le potentiel du plastique recyclé n’offre pas de réel avantage environnemental.
« Nous aimons utiliser l’analogie de la baignoire : lorsque votre baignoire déborde, vous ne courez pas chercher la serpillière. Vous commencez par fermer le robinet », explique-t-elle. « Si l’industrie peut utiliser moins de fibres plastiques dans ses produits, c’est vraiment la meilleure chose qu’elle puisse faire. »
Si cela commence à se produire, cela marquerait un tournant et elle pourrait voir un rôle pour le plastique recyclé dans la résolution du problème de la pollution plastique qui sévit dans les cours d’eau du monde – mais seulement dans ce cas. « Si l’engagement pris est de réduire la quantité totale de plastique utilisée, puis d’utiliser également une fraction de plastique recyclé, alors peut-être que cela semble être une bonne chose. Une fois que vous avez fermé le robinet, il n’y a rien de mal à prendre la serpillière. »
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