Les futures villes de la mode : Paris surpasse New York #144

01/03/2021

Paris devrait remplacer New York comme première ville de la mode d’ici 2025, selon un classement exclusif commandé par Vogue Business à l’IFDAQ. Outre les quatre grandes capitales de la mode, Shanghai et Moscou sont les villes à surveiller de près.

Paris devrait dépasser New York pour devenir la première ville en termes de notoriété et de potentiel dans l’industrie mondiale de la mode d’ici 2025, selon l’indice IFDAQ Global Cities Consumer IPX (Index). Selon cette étude, il est probable que Londres se hisse à la troisième place, dépassant ainsi Milan.

L’IFDAQ Global Cities Consumer IPX (Index), évalue les villes mondiales en fonction de quatre facteurs clés pondérés dynamiquement, dont l’économie générale, la performance économique de la mode, la capitalisation boursière et l’influence de l’industrie. Ces facteurs prennent en compte les infrastructures, le PIB, la présence des marques, la richesse, le pouvoir de consommation et la puissance créative.

Selon Frédéric Godart, codirecteur général de l’IFDAQ et professeur associé en comportement organisationnel à l’INSEAD, Paris devrait bénéficier du Brexit grâce à une concurrence moindre de la part de Londres. « La concurrence avec Londres était féroce, mais maintenant que Londres est sortie, Paris va devenir la capitale économique de facto de l’UE », dit-il. De son côté, New York perd de son dynamisme économique, en partie à cause de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, déclare Daryl de Jorí, co-directeur général de l’IFDAQ.

La domination croissante des conglomérats parisiens LVMH et Kering donne un nouvel élan à Paris, qui place la capitale française au rang de centre mondial du luxe. Godart fait la comparaison avec la domination de la Silicon Valley dans le domaine de la technologie. « C’est une dynamique de concentration capitaliste classique, un effet de clustering ».

Londres contre Milan

L’ascension de Londres sur Milan est une histoire moins simple et pourrait refléter un affaiblissement progressif du statut de Milan plutôt qu’un renforcement du rôle de Londres, selon Godart. Alors que les deux villes sont confrontées à des incertitudes économiques allant de l’impact de Brexit à celui de la pandémie de Covid-19, Londres a une économie plus dynamique. « Pour Londres, il s’agit plutôt d’un état temporaire [économique difficile] et nous pensons qu’elle va bientôt se redresser, alors que Milan ne s’est jamais vraiment remise de la crise économique de 2008 », déclare M. de Jorí. « L’économie italienne est trop faible pour susciter plus d’intérêt de la part des marques ».

L’industrie italienne de la mode et la richesse du pays sont également réparties entre différentes villes, dont Florence, Venise et Rome, plutôt que concentrées en un seul endroit, comme à Londres et à Paris. Selon Godart, l’effet de concentration est absolument essentiel pour la pertinence de villes comme Paris, Londres, Tokyo et Moscou. Outre l’Italie, l’Espagne, l’Allemagne et la Chine sont autant d’exemples de pays où le pouvoir est partagé entre deux ou plusieurs villes.

Le rôle des semaines de la mode

Dans l’indice IFDAQ, Paris, New York, Londres et Milan conserveront leur position dominante au moins jusqu’en 2030. Mais l’indice prévoit une diminution progressive de leur importance à mesure que d’autres villes renforceront leur influence, notamment Tokyo, Los Angeles, Shanghai et Moscou.

Un facteur clé est la poursuite probable de l’impact mondial des semaines de la mode dans ces quatre villes, selon M. Godart. Celles-ci perdureront malgré les débats actuels de l’industrie sur le calendrier de la mode et l’avenir des semaines de la mode. « Dans une certaine mesure, elles évolueront : il y aura plus de diversité et d’autres capitales de la mode, mais on ne change pas d’institution en un an », affirme M. Godart. Il note que les quatre capitales de la mode conservent l’infrastructure et l’expérience organisationnelle nécessaires – ainsi que les marques de luxe – pour susciter le plus d’intérêt à l’échelle mondiale.

Moscou : Une ville à surveiller

Moscou est peut-être une ville importante à surveiller. On prévoit qu’elle gagnera en importance pour l’industrie de la mode, dépassant Shanghai en 2026, selon l’indice IPX (indice de consommation des villes mondiales) de l’IFDAQ. Selon M. De Jorí, les principales raisons pour lesquelles Shanghai atteindra un plateau dans l’indice sont notamment la diminution du pouvoir d’achat des consommateurs chinois en raison du ralentissement de la croissance démographique, ainsi que le ralentissement probable de la croissance des salaires et du PIB.

La concentration de la richesse et de la consommation à Moscou va favoriser sa montée en puissance. En Russie, la capitale représente plus de 70 % de la consommation de luxe, ce qui contraste avec la Chine où la consommation de luxe et la richesse sont réparties entre de nombreuses villes de premier rang. Anna Lebsak-Kleimans, PDG de Fashion Consulting Group Russia, ajoute que les marques de luxe ouvrent rarement des magasins au-delà de trois villes en Russie – Moscou, Saint-Pétersbourg et Sotchi

Voir l’article complet sur Vogue Business