L'égalité des sexes à l'ordre du jour de la culture du coton #511

23/09/2022

On ne réalise pas toujours que la crise climatique concerne autant les personnes que l’environnement. Pendant la majeure partie de son existence, la mode a bénéficié du travail des femmes et de la culture du coton. Ces deux éléments ne sont pourtant pas mutuellement opposés.

De l’ensemencement des graines à la récolte, du filage des fils à la confection des vêtements, les femmes des zones rurales peuvent tout aussi bien diriger l’industrie. Pourtant, en Inde, l’agriculture est perçue comme un secteur dominé par les hommes et les agricultrices restent sous-représentées. Alors que des voix s’élèvent pour soutenir les travailleurs de l’habillement exploités, l’égalité des sexes dans les exploitations cotonnières indiennes se fait attendre.

Les systèmes patriarcaux de l’Inde rurale

Le coton est l’une des principales cultures commerciales de l’Inde, contribuant à 22 % de la production mondiale totale. Sa chaîne de valeur, qui commence dans les exploitations agricoles et se termine sous forme de tissus et de vêtements, est à forte intensité de main-d’Å“uvre. Pour la seule phase de culture, qui comprend les semis, l’irrigation et la récolte, 47 % des agriculteurs sont des femmes. Ce chiffre est plus que doublé, à 84 %, si l’on tient compte de la population de femmes rurales qui dépendent de l’agriculture pour leur subsistance.

Mais c’est là que le bât blesse : L’agriculture indienne est imprégnée de patriarcat et de préjugés sexistes profondément enracinés, qui empêchent essentiellement les femmes de posséder les terres qu’elles cultivent. Historiquement soutenus par les lois sur l’héritage, les droits fonciers familiaux sont souvent transmis aux héritiers masculins, tandis que les femmes sont légalement considérées comme de simples « cultivatrices » ou ouvrières. La discrimination s’est traduite par des politiques agricoles gouvernementales qui profitent davantage aux agriculteurs propriétaires de terres qu’à l’ensemble des travailleurs agricoles. Cela se traduit par l’exclusion des programmes et des subventions, y compris le crédit et l’assurance récolte, entre autres. Malgré la longue bataille pour l’égalité des sexes, moins de 8 % des agricultrices indiennes possèdent aujourd’hui des terres.

La liberté économique limitée, le manque d’infrastructures rurales et de transports publics constituent autant de défis à la progression des femmes dans l’agriculture. Dans certains petits villages, les femmes sont encore escortées par des hommes, même pour leurs déplacements. Lorsque la mobilité est limitée, l’exposition aux connaissances et aux opportunités du marché l’est également. La crainte de perdre des salaires journaliers dérisoires empêche également les agricultrices de faire de longs trajets pour accéder aux services bancaires ruraux ou suivre des ateliers de formation organisés par des organisations à but non lucratif. Pendant ce temps, en l’absence de science, la superstition s’installe. Selon des entretiens menés par l’organisation à but non lucratif Fashion Revolution, il n’est pas rare de croire qu’une femme qui laboure le champ entraînera une sécheresse dans ce village.

âž” Lire l’article complet (en anglais) sur Green is the New Black