Le problème des salaires dans la mode : salaire minimum vs. salaire vital #411

31/05/2022

Pour attirer les entreprises étrangères, notamment celles du secteur textile, les pays d’Asie méridionale jouent entre les réclamations syndicales et des salaires bas. Les travailleurs asiatiques sont donc souvent rémunérés au salaire minimum. Le problème, c’est que ce dernier n’est pas suffisant pour vivre.

Le salaire vital, c’est celui qui permet de ne vivre que d’un seul emploi. Aujourd’hui, il est principalement la préoccupation des pays émergents, du moins, de leurs habitants. Ces derniers sont la main-d’œuvre de l’industrie textile mondiale. Les pays comme le Vietnam, le Bangladesh et le Cambodge doivent jouer sur deux tableaux : faire vivre leurs gouvernés et attirer les firmes étrangères, avec des prix défiants toute concurrence. Déjà réticents à augmenter leur salaire minimum, les pouvoirs publics d’Asie méridionale ne sont pas prêts à mettre en place un salaire vital.

Le Vietnam repousse l’augmentation de son salaire minimum

La Chambre du Commerce et de l’Industrie vietnamienne a décidé de repousser la mise en place d’une augmentation de 6 % du salaire minimum. Elle devrait avoir lieu à partir du 1er janvier 2023, soit six mois après la date initiale. Pham Minh Huan, ancien vice-ministre du Travail, des Invalides et des Affaires sociales, a évoqué un “choc”. Les entreprises n’auraient eu que deux mois pour se préparer à cette augmentation, alors qu’elles se remettent de l’impact de la pandémie de Covid19. Cette hausse du salaire minimum s’appliquera aux entreprises vietnamiennes. Au Vietnam, le revenu national net en 2020 était de 2.230 $/an, soit environ 186 $/mois.

[…] Cette mesure fait suite aux demandes de l’Organisation internationale du travail (OIT), et vise à protéger les travailleurs les plus vulnérables dans la mode et autres secteurs. D’ordinaire, le Vietnam organise des révisions du salaire minimum tous les ans. Mais ces deux dernières années, ses dirigeants se sont concentrés sur la reprise économique, délaissant la problématique sociale. […] 

“Obliger les marques”

Le 20 avril dernier, lors de la Fashion Revolution Week 2022, Cécile Duflot, Cécile-Jeanne Gayrard, Valeria Rodriguez et Catherine Dauriac ont échangé sur le salaire vital. La première idée à émerger de la discussion, c’est l’évident laisser-aller des entreprises. Et même si un.e entrepreuneur.se se décide à produire durablement, en commençant par respecter les règles déjà écrites, il fait face à un problème. Les entreprises concurrentes, qui elles, ont fait le choix inverse, ne sont que rarement pénalisées. De plus, il n’existe pas ou peu d’aides pour les marques de mode qui favorisent l’éco-responsabilité. Dans un monde régi par le marché, il est difficile de s’en sortir en s’infligeant ces handicaps financiers. En conséquence, si nous voulons voir les choses changer, il faut contraindre les acteurs de l’industrie textile. Il faut agir sur la législation.

Pour ce faire, l’ONG est sur le point de lancer une pétition d’envergure gigantesque. Dès le début de l’été, elle lancera la campagne Good Clothes Fair Pay. Un million de signataires sont attendus ; tous doivent être un.e citoyen.ne européen.ne. Avec l’obtention de ces signatures, la pétition fera pression pour instaurer une nouvelle législation. Elle “obligera toutes les marques et tous les détaillants qui vendent des produits dans l’UE à faire preuve de diligence raisonnable sur les salaires décents sur l’ensemble de leurs chaînes d’approvisionnement mondiales.” Cette stratégie se base sur la mondialisation pour faire changer les choses au sein de l’Union Européenne, mais aussi dans les pays à main d’œuvre, comme ceux d’Asie méridionale. Le projet est pour l’instant en discussion à la Commission européenne.

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