Pour accéder aux petits lopins de cotonniers, il faut se frayer un chemin entre les buissons de lentilles jaunes qui peuvent monter jusqu’à 2 mètres de haut. La terre est rouge, les herbes sèches craquent sous la semelle et des grappes d’insectes virevoltent en tous sens. Dans cette région reculée de l’Odisha, Etat indien situé au sud-ouest de Calcutta, le relief est accidenté par les collines de Niyamgiri, dont le sous-sol est connu pour recéler bauxite, charbon, fer et manganèse.
Akshaya Kumar Sahu raconte que les sommets alentour, au profil bleuté, sont « le royaume des léopards et des éléphants sauvages ». Cet homme, âgé d’une quarantaine d’années, pilote depuis bientôt quatre ans un programme de sécurité alimentaire qui concerne 500 petits propriétaires terriens et une cinquantaine de paysans sans terre. Il les aide à améliorer leur niveau de vie et à réduire leur impact sur l’environnement en les faisant entrer dans la filière du coton équitable.
Un système qui protège les cultivateurs de toute vente à perte, grâce au respect du prix minimum garanti par l’Etat. Et qui permet d’obtenir une prime de développement financée par les marques de textile sous forme de droits de licence, à condition que les paysans se regroupent en coopérative et investissent cet argent dans des projets collectifs (microcrédit, irrigation, logement, éducation, santé…). A condition, aussi, de ne pas cultiver d’OGM, de proscrire le travail des enfants et de respecter toutes les conventions de l’Organisation internationale du travail touchant à la santé et à la sécurité au travail.
L’épidémie de Covid-19, qui continue de battre son plein en Inde, a posé de graves problèmes de trésorerie du fait des fermetures de magasins d’habillement et des annulations de commandes de la filière textile. Au début du printemps, les paysans n’ont eu d’autre choix que de vendre leur coton sur le marché conventionnel après la levée du premier confinement, à des prix ridiculement bas.