La mode sur le chemin de la décroissance ? #330

08/02/2022

À quoi ressemble une industrie de la mode libérée du cycle des tendances ? Imaginez un instant qu’au lieu de jeter des articles au bout de quelques années, vous appreniez à les réparer, à les échanger, à les donner à une bibliothèque de vêtements pour les louer gratuitement ou à les recycler en de nouvelles couleurs, fonctions et silhouettes.

A en croire un nombre croissant d’universitaires et d’activistes, la décroissance pourrait-être l’avenir de la mode.

La décroissance découle de l’ambition d’équilibrer l’économie et les limites planétaires. Fondamentalement, cela signifie réduire à la fois notre consommation et notre production. […]

« La seule façon de résoudre la crise climatique est de produire et de consommer moins », déclare Kate Fletcher, professeur à l’Université des arts de Londres (UAL). Elle met en avant les estimations prudentes d’universitaires, dont Ernst Von Weizsäcker (auteur de Factor Four, 1997), selon lesquelles la mode doit diviser par quatre son utilisation des ressources et ses déchets pour exister dans les limites planétaires. Le manifeste 2019 de Fletcher – The Earth Logic Fashion Action Research Plan, coécrit par sa collègue professeure Mathilda Tham – envisage un système construit sur la diversité et le « care », avec la décroissance comme l’une de ses six valeurs fondamentales. « La décroissance est passionnante parce qu’elle ouvre la voie à une pluralité d’actions et d’expressions dans le domaine de la mode », explique M. Fletcher, citant entre autres l’agriculture régénérative, les réparations, le recyclage, l’upcycling et le localisme.

Cette pluralité pourrait amener les consommateurs à collaborer directement avec les créateurs pour créer des vêtements personnalisés à partir de matériaux existants ou régénératifs, suggère-t-elle. Les vêtements pourraient être adaptés à vos goûts et besoins personnels : une couleur spécifique pour compléter votre teint, des fermetures magnétiques pour les rendre adaptables….

Selon les experts, les initiatives existantes pourraient être combinées pour former quelque chose qui ressemble à la décroissance. La marque américaines Toward permet à ses clients de se limiter à 12 commandes par an, une nouvelle politique qui vise à réduire la consommation (le client peut toutefois facilement passer outre s’il le souhaite). L’écrivain et consultant en développement durable Alec Leach cite le mouvement mondial « buy nothing » comme un exemple de décroissance en action, […]. La manière dont Gucci Vault associe des articles vintage au soutien de designers émergents afin de réduire la pression exercée sur Gucci pour la production de nouveaux produits pourrait également être mise en avant, tout comme la collection Upcycled by Miu Miu de 2020.

De plus en plus d’entreprises recherchent un changement plus profond de leurs modèles économiques.  En obtenant la certification B Corp, des marques telles que Chloé et Patagonia ont fait des individus et de la planète des parties prenantes à part entière au même titre que leurs actionnaires. »Le passage à des formes de propriété plus démocratiques – coopératives, organismes sans but lucratif, fondations – est la chose la plus puissante que nous puissions faire pour la durabilité et la décroissance de l’économie », déclare le directeur exécutif du Post Growth Institute, Donnie Maclurcan.

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