La mode et les émissions de carbone : le nouveau rapport Mc Kinsey #47

31/08/2020

L’industrie internationale de la mode doit de toute urgence réduire ses émissions de 50 % pour atteindre un objectif de 1,5 °C, selon un nouveau rapport de McKinsey et du Global Fashion Agenda.

Les statistiques dévastatrices parlent d’elles-mêmes. L’industrie mondiale de l’habillement et de la chaussure a produit plus de gaz à effet de serre que la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni réunis en 2018, soit un total de 2,1 milliards de tonnes d’émissions de CO2 – environ 4 % des émissions mondiales totales. Sans action significative, ce chiffre pourrait atteindre environ 2,7 milliards de tonnes par an d’ici 2030.

Ces données alarmantes ont été calculées par McKinsey & Company, la société de conseil en gestion, et le Global Fashion Agenda, l’organisation de défense du développement durable, pour leur nouveau rapport, Fashion on Climate. Analysant les émissions de carbone actuelles de l’industrie de la mode, le rapport décrit les actions nécessaires pour accélérer la décarbonisation et atteindre les objectifs fixés dans l’accord de Paris sur le climat de 2015 et le rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) de 2018.

Ce dernier a proposé une hausse de la température mondiale de 1,5 °C pour atténuer le changement climatique, que la mode est en passe de dépasser largement. Pour s’aligner sur cette trajectoire, l’industrie devrait réduire ses émissions annuelles de 1,1 milliard de tonnes au cours de la prochaine décennie, soit environ la moitié du chiffre actuel.

Les efforts de réduction sont appelés « réduction accélérée », les marques et les détaillants étant les principaux moteurs. Le nouveau rapport définit trois domaines d’action prioritaires, couvrant différentes étapes de la chaîne d’approvisionnement : la réduction des émissions provenant des activités en amont et des activités propres des marques, et l’encouragement des comportements durables des consommateurs.

Quelque 61 % des réductions nécessaires pourraient être réalisées en adaptant les opérations en amont, qui représentaient 70 % des émissions totales de gaz à effet de serre du secteur de la mode en 2018. Les opérations en amont devraient s’attaquer aux déchets de production et investir dans la décarbonisation de la production de matériaux, du traitement et de la fabrication de vêtements. Le passage aux sources d’énergie renouvelables et l’amélioration de l’efficacité énergétique pourraient réduire les émissions d’un milliard de tonnes d’ici 2030.

En ce qui concerne les activités propres aux marques, qui peuvent permettre d’obtenir 20 % des réductions nécessaires, les priorités peuvent être classées en deux grandes catégories : la logistique et l’échelle de production. Actuellement, seuls 60 % des vêtements sont vendus au prix plein en raison d’une surproduction intense ; il sera essentiel de produire moins de vêtements avec plus de fibres recyclées. L’emballage, le transport et les opérations de vente au détail pourraient tous être rendus plus durables, ce qui permettrait une réduction potentielle de 308 millions de tonnes de CO2 d’ici 2030.

Vogue Business

Fashion on Climate