« Keep or return » ? Ces vidéos qui incitent à la surconsommation #487

06/09/2022

Alors que l’on connaît fort bien les effets désastreux de la surconsommation et de l’ultra fast fashion sur notre bilan carbone, une nouvelle tendance incite les adolescentes à acheter toujours plus.

Après la fureur des hauls (ces vidéos où l’on déballe face caméra des montagnes de colis) ou la tendance « Zara vs Shein » , qui tente de justifier les atouts de l’ultra fast fashion (Shein…) face à la simple fast fashion (Zara…), les adolescentes ont une nouvelle passion : commander puis renvoyer.

C’est quoi la tendance « keep or return »  ?

Les vidéos « keep or return » affluent en masse sur les réseaux. Leur principe ? Des influenceuses commandent des montagnes de vêtements très bon marché (Shein, Boohoo, Pretty Little Things, Forever21 ou encore Walmart aux États-Unis…) pour les essayer en musique ou à coups de commentaires devant leur communauté. Cette dernière donne son avis. S’il est majoritairement positif, les vêtements sont conservés (keep). S’il est majoritairement négatif, les vêtements sont renvoyés (return) à l’expéditeur. Sur TikTok, le #Keeporreturn cumule déjà presque 142 millions de vues. Sous le hashtag, de nombreuses adolescentes et jeunes femmes exhibent leur butin. Au programme : la surconsommation la plus décomplexée. « Je sais que j’ai bien trop de jeans Zara, mais je n’en ai jamais assez » , s’exclame avec ravissement reneedrodriguez, tiktokeuse aux plus de 50 000 abonnés.

Pourquoi c’est un problème ?

Toujours plus, toujours plus vite… « Après avoir passé 30 ans dans la mode, j’ai vu de près l’impact de l’industrie devenir incontrôlable quand les acheteurs se sont déplacés en ligne, profitant joyeusement d’avantages tels que les retours gratuits sans vraiment comprendre ce qui arrive aux articles qu’ils renvoient » , a déclaré Whitney Carthcart, experte en développement durable à Fashion United.

Dans l’ensemble, près de 30% des achats en ligne sont renvoyés. Ce taux élevé est notamment dû à l’ajout au colis d’enveloppes préremplies à déposer en point relais avec les vêtements que l’on ne souhaite pas garder, une procédure ultra-fluide qui incite à avoir le clic léger lorsque les consommateurs font du shopping en ligne.

Admettons qu’on sorte le bilan carbone de tels allers-retours… Il faut prendre conscience qu’une grande majorité de ces vêtements retournés ne regagnent ni étagères en boutique ni entrepôts : selon Fast Company, ces vêtements — déjà bien souvent produits dans des conditions déplorables néfastes pour l’environnement — finissent par atterrir dans des décharges à ciel ouvert en Asie ou en Afrique. Rien qu’en 2020, 2,9 millions de tonnes de vêtements produits aux États-Unis ont connu le même sort. Un désastre sans doute possible à éviter… En facturant par exemple les retours ?

L’ADN