Industrie de la mode : les effets (très) limités du recyclage des textiles #61

14/09/2020

Selon l’Agence de la transition écologique (Ademe), plus de 100 milliards de vêtements sont aujourd’hui vendus chaque année dans le monde et la production de l’industrie de la mode a doublé entre 2000 et 2014. Nous achetons aussi en moyenne 60 % de vêtements de plus qu’il y a 15 ans.

Cet emballement de la production et de la consommation est problématique à plusieurs niveaux, notamment pour les industriels qui doivent gérer des stocks de vêtements qui ne trouvent pas d’acheteurs, ainsi que pour les consommateurs et les consommatrices qui ont dans leurs armoires des quantités de vêtements les envahissant et dont ils ne savent plus que faire.

Trois solutions en « R » sont alors envisageables : réutiliser (en donnant une nouvelle utilité au vêtement par le don, l’échange, la revente), réparer et recycler. Le recyclage des textiles est de plus en plus mis en avant dans le débat public, notamment en France avec la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire. La solution peut paraître séduisante car déculpabilisante. Or, la réalité n’est pas si simple.

Surproduction et surconsommation

Prenons un exemple. En 2016, le quotidien britannique The Guardian se penchait sur l’opération World Recycle Week de H&M pour laquelle la firme déclarait avoir récolté 1 000 tonnes de vêtements. Si l’on se base sur ces chiffres et l’état actuel des technologies de recyclage (sur lesquelles nous reviendrons), selon la journaliste, il faudrait 12 ans à H&M pour utiliser les vêtements récoltés.

En revanche, les 1 000 tonnes collectées équivalent à peu près à la quantité de vêtements qu’une telle marque commercialise en 48 heures. En l’état des choses, c’est-à-dire au vu de la surproduction de l’industrie de la mode et du fait des limites technologiques, le recyclage des textiles ne saurait donc être la solution aux problèmes de surproduction et de surconsommation de l’industrie de la mode.

Downcycling

Au delà de la surproduction, la première limite conduisant à ce constat est le downcycling, ou sous-cyclage. Selon l’éco-organisme agréé d’État Eco TLC, chaque année en France 2,6 milliards d’articles de mode sont mis en vente, et l’équivalent de 38 % de cette quantité est collecté. Sur les 239 000 tonnes collectées, 33,5 % sont transformés pour être recyclés, le reste est destiné à la réutilisation ou à l’élimination.

Le terme « recyclés » regroupe alors des réalités disparates : 10 % de ces textiles sont découpés pour faire des chiffons, les 23,4 % restants subissent un processus de recyclage afin d’entrer dans la composition d’une nouvelle matière.

Cet emballement de la production et de la consommation est problématique à plusieurs niveaux, notamment pour les industriels qui doivent gérer des stocks de vêtements qui ne trouvent pas d’acheteurs, ainsi que pour les consommateurs et les consommatrices qui ont dans leurs armoires des quantités de vêtements les envahissant et dont ils ne savent plus que faire.

Trois solutions en « R » sont alors envisageables : réutiliser (en donnant une nouvelle utilité au vêtement par le don, l’échange, la revente), réparer et recycler. Le recyclage des textiles est de plus en plus mis en avant dans le débat public, notamment en France avec la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire. La solution peut paraître séduisante car déculpabilisante. Or, la réalité n’est pas si simple.

Surproduction et surconsommation

Prenons un exemple. En 2016, le quotidien britannique The Guardian se penchait sur l’opération World Recycle Week de H&M pour laquelle la firme déclarait avoir récolté 1 000 tonnes de vêtements. Si l’on se base sur ces chiffres et l’état actuel des technologies de recyclage (sur lesquelles nous reviendrons), selon la journaliste, il faudrait 12 ans à H&M pour utiliser les vêtements récoltés.

En revanche, les 1 000 tonnes collectées équivalent à peu près à la quantité de vêtements qu’une telle marque commercialise en 48 heures. En l’état des choses, c’est-à-dire au vu de la surproduction de l’industrie de la mode et du fait des limites technologiques, le recyclage des textiles ne saurait donc être la solution aux problèmes de surproduction et de surconsommation de l’industrie de la mode.

Downcycling

Au delà de la surproduction, la première limite conduisant à ce constat est le downcycling, ou sous-cyclage. Selon l’éco-organisme agréé d’État Eco TLC, chaque année en France 2,6 milliards d’articles de mode sont mis en vente, et l’équivalent de 38 % de cette quantité est collecté. Sur les 239 000 tonnes collectées, 33,5 % sont transformés pour être recyclés, le reste est destiné à la réutilisation ou à l’élimination.

Le terme « recyclés » regroupe alors des réalités disparates : 10 % de ces textiles sont découpés pour faire des chiffons, les 23,4 % restants subissent un processus de recyclage afin d’entrer dans la composition d’une nouvelle matière.

Edith de Lamballerie, Doctorante en sciences de gestion, Université Paris Dauphine – PSL

Good Planet / The Conversation