L’étude a été menée en Belgique, Allemagne, Pologne et Espagne, ainsi qu’aux Pays-Bas et au Royaume-Uni, où 21 tonnes de vêtements en fin de vie ont été observées, et ceci lors des saisons automne-hiver 2021 et printemps-été 2022 pour appréhender les variations saisonnales. Il en ressort que la fibre la plus observée est le coton (42%), devant les mélanges de fibres (32%), parmi lesquels dominent le « polycoton » (12%): mélange de coton et polyester.
Si l’on omet les éléments problématiques que sont boutons et zips, ainsi que les difficultés de recyclage liés aux colorations, il ressort que 21% des stocks observés peuvent être exploités par recyclage mécanique, tandis que 53% sont gérables par recyclage chimique. Et c’est là tout le propos de Fashion for Good avec cette étude car, pour l’heure, seuls 2% des vêtements en fin de vie vont vers le recyclage de fibre à fibre.
« Alors que les engagements et les politiques de recyclage des textiles de fibre à fibre augmentent, ainsi que la quantité de déchets textiles collectés, l’infrastructure nécessaire pour conduire le passage à des systèmes circulaires nécessite des investissements importants pour passer à l’échelle », indique la directrice de Fashion for Good, Katrin Ley. « Pour prendre des décisions d’investissement éclairées, ainsi que pour évaluer l’intérêt commercial de la monétisation par le recyclage, une compréhension plus approfondie des caractéristiques du paysage européen actuel des textiles post-consommation est nécessaire. Ce projet jette les bases des connaissances qui permettront aux acteurs clés de se mettre en mouvement ».
Dans son rapport en douze chapitres consultable librement, Fashion for Good estime que, pour les seuls pays observés, 264.000 tonnes annuelles de coton pourraient ainsi être disponibles, ainsi que 67.000 tonnes de polyester et 78.000 tonnes de polycoton. Le recyclage se heurtant encore majoritairement à la teinture des produits, l’étude pointe que les stocks disponibles pour le recyclage mécanique sont très majoritairement blancs (25,1%), bleus (20,8%), noirs (14,1%) et gris (10,3%).
Autre frein au recyclage, les éléments « disrupteurs » comme les zips, boutons et autres détails métalliques, s’imposent comme un enjeu clef. En effet, sur 48,7% des vêtements monocouches observés, ces disrupteurs s’avèrent inamovibles. Et seuls 32,4% des pièces ne présentent aucun disrupteur. Des éléments à prendre en compte pour les marques en quête de circularité: ses éléments perturbateurs restant encore un défi pour un tri et recyclage automatisé des vêtements.
Six recommandations pour plus de circularité
A l’issue de ce rapport riche en chiffres destinés à industriels, marques et créateurs, Fashion For Food formule cinq propositions. Il est notamment proposé d’encourager la conception de produits prévoyant leur recyclabilité, à l’heure où 26% des vêtements s’avèrent non recyclable pour diverses raisons. Est par ailleurs suggéré de considérer le recyclage comme un ultime recours: les marques devant prioritairement renforcer la longévité de leurs produits pour leur donner un « cycle de vie approprié ». FFG pointe par ailleurs que l’étape du tri, peu automatisée, reste coûteuse, ce qui devrait être pris en compte dans le calcul des prix des fibres à recycler.
Volumes collectés par pays, et composition actuelle des filières de collecte, tri et utilisation – Fashion for Good
Fashion for Good pointe par ailleurs que l’accroissement des quantités de matériaux collectés non exploitables risque de mettre à mal le nécessaire développement des filières de tri. Un élément à prendre en compte pour les marques, à l’heure où 55% des matériaux collectés dans les pays observés sont triés à l’étranger. FFG appelle également à pousser plus en avant les recherches chiffrées, pays par pays, afin d’identifier potentiels et freins au recyclage textile.
L’organisation en appelle enfin au consommateur lui-même, l’encourageant notamment à privilégier les pièces composées d’une seule matière, ou d’un mélange de deux matières seulement. Mais aussi à réparer, revendre voire échanger ces vêtements et accessoires avant de songer à les confier aux réseaux de collecte.