Conférence des Nations Unies sur la biodiversité. Comment la mode peut-elle agir ? #261

19/10/2021

L’impact de la mode sur le monde naturel est considérable, mais pendant des années, peu de marques en ont tenu compte dans leurs plans de développement durable. Aujourd’hui, la biodiversité, qui fait l’objet d’une conférence des Nations unies ce mois-ci, attire l’attention.

Aujourd’hui, le déclin sans précédent de la nature est au centre d’une autre conférence des Nations unies qui se tiendra en Chine la semaine prochaine.

De la déforestation à l’effondrement de la biodiversité en passant par la pollution de l’eau, la mode a entraîné la dégradation voir même la destruction d’écosystèmes dans le monde entier. L’attention accrue portée à ce problème par les décideurs politiques signifie que la mode commence à subir des pressions pour agir. Certaines initiatives indépendantes, et un nombre restreint mais croissant de marques, élaborent des stratégies pour progresser. Les plus progressistes s’efforcent de s’attaquer à la fois au changement climatique et à la perte de biodiversité, reconnaissant qu’il s’agit des deux faces d’une même médaille.

« Nous sommes encore dans un environnement où il est relativement rare que les entreprises s’engagent en faveur de la biodiversité, mais le sujet s’est considérablement développé au cours des 12 derniers mois », explique Mike Korchinsky, fondateur de Wildlife Works, une entreprise qui vend des crédits carbone Redd+ et qui, protège également les forêts et la faune menacées et travaille avec les communautés locales pour créer des voies de développement économique. « Il y a quelques années, il n’y avait pas de conversations indépendantes sur la biodiversité. Aujourd’hui, presque toutes nos entreprises clientes s’intéressent à la biodiversité. »

La conférence des Nations Unies sur la biodiversité réunira les dirigeants du monde entier pour convenir d’une nouvelle série d’objectifs pour la nature au cours de la prochaine décennie. Le cadre définit des plans ambitieux pour mettre en œuvre des actions qui transforment la relation de la société avec la biodiversité et, d’ici à 2050, garantissent la réalisation de la vision commune de « vivre en harmonie avec la nature ». La conférence visera également un partage juste et équitable des avantages tirés de l’utilisation de la nature.

Les efforts déployés par un certain nombre de marques de mode en faveur de l’environnement ont eu des répercussions positives sur la biodiversité, par exemple : l’essor du coton biologique est en effet bénéfique pour la santé des sols, tout comme les améliorations apportées au traitement des eaux usées dont les impacts sont bénéfiques pour les écosystèmes aquatiques. Toutefois, ces initiatives sont majoritairement dispersées et ne s’inscrive que peu dans un plan global de conservation de la nature.

À certains égards, la situation commence à changer. Kering a lancé sa stratégie en matière de biodiversité en juin 2020. Le président-directeur général de Gucci, Marco Bizzarri, a déclaré que la protection de la biodiversité « est intrinsèquement liée à la garantie de la résilience de la chaîne d’approvisionnement de notre secteur ». La marque française de chaussures Veja a intégré des aspects spécifiques de la conservation de la biodiversité dans ses contrats avec ses fournisseurs, par exemple en payant les planteurs de caoutchouc indigènes pour la matière première qu’ils récoltent et pour la conservation de l’écosystème dont elle provient, et en achetant du coton uniquement à des agriculteurs qui pratiquent une diversité de cultures. Il existe également un nombre croissant de ressources disponibles pour guider le travail, et l’industrie réagit. Des organisations indépendantes et des entreprises telles que le Wildlife Friendly Enterprise Network, le Science Based Targets Network, Conservation International et Wildlife Works – qui aident à préserver les écosystèmes en travaillant au sein des chaînes d’approvisionnement ou en impliquant les communautés locales dans les crédits carbone basés sur la nature, entre autres méthodes – affirment toutes que les marques de mode sont de plus en plus à la recherche de partenariats et d’expertise.

« Le secteur a définitivement un rôle à jouer, de la production à la transformation. Et si bon nombre de ces questions sont encore largement invisibles pour les marques et leurs consommateurs, elles commencent à être mises en lumière par des initiatives vraiment importantes », déclare Julie Stein, cofondatrice et directrice exécutive du Wildlife Friendly Enterprise Network. L’entreprise travaille avec les marques, les agriculteurs et d’autres acteurs pour que leurs chaînes d’approvisionnement soient plus favorables aux populations d’animaux sauvages, en s’attaquant par exemple à la fragmentation de l’habitat ou au surpâturage dans les exploitations lainières, ou en construisant des clôtures plus appropriées pour permettre la migration.

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