L’édition 2022 du Global Fashion Summit organisé par le Global Fashion Agenda a fait son grand retour en physique. Et il s’est déroulé dans un contexte d’urgence croissante. Les relations inégales qui sous-tendent les mauvaises conditions dans les chaînes d’approvisionnement de la mode ont été mises à nu par la pandémie, et les voies qui se dessinaient jusqu’alors pour lutter contre un changement climatique catastrophique se referment rapidement. Pendant ce temps, les émissions et les volumes de production de l’industrie continuent d’augmenter.
Cela a ouvert la porte à des conversations plus critiques et stimulantes, encadrées par plus de voix et de perspectives que les années précédentes. Mais à bien des égards, cela ressemblait beaucoup à 2019. On a parlé de collaboration, on a parlé de leadership, on a parlé de passer des paroles aux actes.
Et il y a eu une bombe : Shein, une entreprise qui est devenue l’enfant-vedette du secteur en matière de gaspillage et de surconsommation, a lancé un fonds de 50 millions de dollars pour s’attaquer au gaspillage et compenser son impact. La déconnexion entre le modèle économique de l’entreprise chinoise de fast-fashion et son nouvel engagement a fait sursauter.
À l’instar d’autres acteurs importants du secteur, l’annonce de Shein a tenté de recentrer la conversation sur les efforts visant à atténuer son impact sans s’attaquer à sa cause première : la culture de la consommation excessive qui alimente la croissance de la mode. Au cours d’innombrables conversations en marge de la conférence, on m’a dit que cette initiative était cynique, qu’il s’agissait d’un écoblanchiment, que l’engagement de 50 millions de dollars sur cinq ans était dérisoire par rapport aux 16 milliards de dollars de revenus que Shein aurait générés en 2021.
C’est vrai. Mais cela ressemble aussi beaucoup à ce que font de nombreux autres acteurs majeurs pour tenter de remédier à l’impact négatif de la mode, tout en continuant à produire des volumes toujours plus importants pour alimenter une consommation toujours plus grande. En fait, Shein s’est immiscée dans le récit de la durabilité de la mode. Ce faisant, elle a tendu un miroir aux efforts de l’industrie jusqu’à présent, mettant en évidence le fossé entre ses actions et les besoins des communautés touchées et de la planète elle-même. La réflexion est compliquée, mais elle n’est pas particulièrement flatteuse.
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