Comment le recyclage des cintres et polybags est testé en Ile-de-France #711

06/04/2023

Un gisement cinq fois plus important qu’anticipé. En quatre semaines, dans une opération engagée en février dans 37 magasins d’ÃŽle-de-France, 3,3 tonnes de cintres et polybags ont été collectés, triés et revalorisés. Lorsqu’elles avaient engagé cette expérimentation de terrain à la demande de Paris Good Fashion, les équipes des sociétés Tri-O Greenwishes et Icare ne s’attendaient pas à de tels volumes.

Annoncée il y a près de deux ans, après une consultation citoyenne organisée par l’association Paris Good Fashion, la réflexion sur la création d’une filière de recyclage des cintres se met en place depuis quelque 18 mois. L’ambition initiale était d’identifier quels étaient les besoins pour pouvoir collecter, valoriser et recycler les milliers de cintres et polybags qui accompagnent la commercialisation des vêtements. Les réseaux d’acteurs pouvant intervenir dans ce projet ont été sollicités ainsi que les enseignes et marques de différents niveau de gamme. Depuis février et jusqu’en mai, l’expérimentation est en cours dans 37 magasins sur rue, centres commerciaux ou même en zone d’activité. Des magasins des marques IKKS, Sandro, Dior, Etam, Uniqlo, Chanel mais aussi Marques Avenue, Monoprix, les Galeries Lafayette, le centre commercial des Halles à Paris et le Bon Marché participent à cette expérimentation.

Ce 3 avril, à l’occasion d’une journée dédiée à la responsabilité environnementale et sociale des entreprises de Mode au sein de l’Institut français de la mode, Noémie Desmaison de Tri-O Greenwishes et Albane Mazoyer d’Icare ont présenté, au-delà d’un volume très importants, les premiers constats de leur étude.

Ce qui est très positif, c’est que les équipes des magasins sont très impliquées dans la démarche. Certains n’avaient pas de process établi, explique Noémie Desmaison de Tri-O Greenwishes. Il faut accompagner la mise en place du geste auprès des équipes, travailler sur la mutualisation de la collecte avec les magasins. Nous voyons que l’intégralité des magasins veulent poursuivre l’action. ».

Ensuite, la question qui se pose est le sur-tri et le reporting, afin de savoir si les produits, en particulier les cintres peuvent aller dans un premier temps en réemploi. L’un des freins à cette option est que la plupart des cintres sont marqués du nom de la marque… ce qui ne permet pas réellement une réutilisation. L’autre option est le recyclage. « Nous avons une possibilité de recyclage en boucle ouverte pour les cintres, précise Albane Mazoyer d’Icare. La diversité des matières ne permet pas d’avoir une approche homogène, avec du bois et différentes résines plastiques. Pour les polybags, nous avons à 95% des emballages en polyéthylène basse densité. C’est un gisement très homogène qui nous permet d’avoir un recyclage en boucle fermée, c’est à dire que l’on pourra reproduire des polybags à partir de polybags. »

L’expérimentation continue encore quelques semaines et doit permettre de définir quels seront les freins et les opportunités pour la création d’une filière de retraitement dédiée. Mais dès lors les organisateurs de l’étude avancent trois points clés pour cette opportunité: une standardisation des matières pour la production des cintres pour permettre leur recyclage, la mise en place de plan de sobriété sur les produits qui permettent le transport des vêtements en réduisant au plus possible leur utilisation et, enfin, la mutualisation des collectes.

Les chiffres sont assez vertigineux. « Nous avions travaillé avec les directions RSE des marques, explique Isabelle Lefort, cofondatrice de Paris Good Fashion. La réalité des volumes sur le terrain était bien plus importante. Pour la trentaine de magasins concernés cela représente 3,3 tonnes en quatre semaines, soit 30 à 50 tonnes par an. Donc il s’agit de dizaines de milliers de tonnes sur seulement l’IÃŽe-de-France ».

Sur ce thème, l’association Paris Good Fashion n’est pas seule à oeuvrer. Le Fashion Pact et Fashion Green Hub avancent aussi sur ces sujets. Les trois acteurs de la mode responsable devraient prochainement mettre en commun leurs avancées afin d’apporter un changement radical sur ce sujet.

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