Ce T-shirt en coton biologique n'est peut-être pas aussi biologique que vous le pensez #338

17/02/2022

Le mouvement en faveur du coton biologique semble être en plein essor en Inde, mais selon ceux qui s’approvisionnent, transforment et cultivent le coton, une grande partie de cette croissance serait totalement fictive.

« Ce produit contient du coton biologique certifié par un organisme indépendant, cultivé sans pesticides chimiques, sans engrais chimiques et sans graines génétiquement modifiées ». Voilà ce que l’on peut-on lire sur l’étiquette d’un t-shirt pour homme Tommy Hilfiger.

À l’heure où l’industrie de la mode vante ses engagements en matière de durabilité, ces étiquettes sont à la fois un moyen de signaler leur vertu et un appât pour les consommateurs prêts à payer plus pour agir mieux.

Il n’y a qu’un seul problème : une grande partie du « coton biologique » qui arrive sur les étagères des magasins peut ne pas être biologique du tout.

L’Inde est de loin, le plus grand producteur mondial de coton biologique (près de la moitié du coton biologique vendu dans le monde) et le mouvement du coton biologique semble actuellement en plein essor. Selon Textile Exchange, l’un des principaux promoteurs de l’agriculture biologique, la production de coton biologique en Inde a augmenté de 48 % l’année dernière, malgré la pandémie.

Toutefois, les professionnels indiens du coton biologique affirment qu’une grande partie de cette croissance serait totalement fictive.

Au cœur du problème se trouve un système de certification opaque et propice à la fraude. Les consommateurs sont assurés d’obtenir des produits « biologiques » par les marques, qui s’appuient sur les labels officiels d’organismes extérieurs. Ces derniers s’appuient à leur tour sur les rapports d’agences d’inspection locales opaques qui fondent leurs conclusions sur une seule inspection annuelle planifiée (dans le cas des installations) ou sur quelques visites aléatoires (pour les exploitations agricoles).

Ces derniers mois, la crédibilité de ces agences d’inspection a été détruite. En novembre, l’Union européenne a voté pour ne plus accepter les exportations indiennes de produits biologiques certifiés par les principales sociétés responsables du coton biologique : Control Union, EcoCert et OneCert. Et en janvier, l’agence internationale qui fournit l’accréditation aux agences d’inspection biologique, IOAS, a retiré à OneCert la capacité d’inspecter et de certifier les transformateurs de coton pour ces labels.

Crispin Argento, fondateur et directeur général de Sourcery, une petite société de conseil qui aide les marques à s’approvisionner en coton biologique, a passé l’année dernière à rechercher du coton biologique avec son équipe, pour voir les fournisseurs disparaître lorsqu’ils commencent à demander des preuves d’authenticité. Il estime qu’entre la moitié et les quatre cinquièmes de ce qui est vendu comme coton biologique en provenance d’Inde n’est pas authentique. Et la quasi-totalité de la chaîne d’approvisionnement est impliquée dans ce qu’il appelle un jeu de « poudre aux yeux ».

Lire l’article en entier sur le New York Times