L’affichage environnemental a commencé à faire son chemin dans les stratégies RSE des entreprises de nombreux secteurs, dont celui de l’habillement. « Depuis 2017, l’ADEME déploie avec des entreprises pionnières un référentiel permettant d’évaluer l’impact environnemental des vêtements à travers un système de notation s’échelonnant de A à E, indique Erwan Autret, coordinateur du pôle Conception de produits/services à haute performance environnementale de l’ADEME. En février 2020, la dynamique s’est accélérée quand le ministère de la Transition écologique a lancé une expérimentation de 18 mois dans le cadre de la loi Agec [Anti-gaspillage pour une économie circulaire], en vue de la généralisation de l’affichage environnemental. » Avec un bel écho dans le secteur puisque plus d’une centaine d’entreprises ont manifesté leur intérêt à expérimenter l’affichage environnemental. Quatre d’entre elles ont d’ores et déjà commencé à afficher les notes d’une partie de leurs produits. « C’est le cas de Bonobo, qui se présente depuis sa création comme un “jeaner” engagé, explique Xavier Prudhomme, directeur général de l’enseigne du groupe Beaumanoir. Au fil du temps, ce positionnement nous a amenés à développer des méthodes d’écoconception, à avoir recours au coton bio et aux matières recyclées, à opter pour des délavages propres… Et c’est d’ailleurs en travaillant sur ce dernier sujet que nous avons acquis la conviction que tout ce qui se mesure s’optimise. Cette logique sous-tend d’ailleurs la mobilisation de nos équipes pour la mise en œuvre de l’affichage environnemental, que nous vivons autant comme un outil d’information pour nos clients que comme un levier d’amélioration continue. » Aujourd’hui, le site Internet de Bonobo donne accès aux notes environnementales de 140 produits, calculées selon le référentiel de l’ADEME.
Changer d’échelle
Comme les autres entreprises engagées dans cette démarche, l’enseigne veut à l’avenir communiquer les notes de tous ses produits, malgré la complexité des calculs et les difficultés liées à l’accès à certaines données de la part des fournisseurs et malgré aussi un référentiel que Xavier Prudhomme qualifie d’imprécis, « notamment sur la prise en compte du coton bio ou de techniques de délavage moins gourmandes en eau ». Encore jeune, l’affichage environnemental s’apprête déjà à changer d’échelle. L’an prochain, la Commission européenne devrait disposer d’une méthodologie multicritère standardisée dédiée à l’évaluation des performances environnementales des produits d’habillement et de chaussage. La France participe activement à la constitution de ce référentiel européen, notamment à travers un groupe de travail piloté par l’ADEME auquel participent une centaine d’entreprises de tous horizons. Un préalable à une généralisation de l’affichage environnemental par voie réglementaire ? « C’est en tout cas le scénario que nous nous efforçons de promouvoir », affirme Erwan Autret en conclusion.