12 pour cent des distributeurs français interrogés par l’IFM ne font pas du travail forcé un cas de conscience #669

14/02/2023

À l’occasion du salon Première Vision, qui s’est tenu du 7 au 9 février 2022, Gildas Minvielle de l’Institut Français de la Mode (IFM) a donné une conférence sur les stratégies de sourcing des distributeurs français. Un panel représentatif (premier prix, milieu de gamme et premium) composé d’une centaine de marques, enseignes, magasins populaires hypermarchés et grands magasins.

L’écoresponsabilité trouve de plus en plus un écho favorable auprès des distributeurs français. En 2022, 93 pour cent d’entre eux considèrent que les produits chimiques sont dangereux, contre 78 pour cent en 2021. La consommation d’eau, l’optimisation des transports ou l’émission de gaz à effet de serre arrivent derrière. L’enquête menée par l’IFM montre que les préoccupations pour 2023 évoluent. Le digital, sujet number one en 2021 pour 80 pour cent des personnes interrogées, est passé à 61 pour cent en 2022. Les sujets liés au développement durable sont plus attractifs pour 43 pour cent des interviewés (contre 38 pour cent en 2021).

À l’inverse, les questions relatives aux conditions de travail n’ont pas encore mobilisé les entrepreneurs français. Si le travail des enfants est banni par 100 pour cent des distributeurs, seuls 88 pour cent d’entre eux font du travail forcé un cas de conscience. CQVD que pour 12 pour cent d’entre eux, ce n’est pas rédhibitoire. « La violation des droits sur le salaire minimum ou le fait que certains pays pratiquent des salaires très bas ne sont pas déterminants » déclare Gildas Minvielle, lors de la conférence. On ne s’étonnera donc pas que la Chine, souvent montrée du doigt pour le non-respect des droits de l’homme (et de la femme), reste le principal pays fournisseur des pays occidentalisés.

La Chine reste le plus grand exportateur textile au monde. Jusqu’à quand ?

Le taux de croissance des exportations de la Chine vers les autres régions du monde augmente de huit pour cent par an depuis 2002. Sa part de marché dans le commerce mondial a progressé de 32 à 33 pour cent entre 2020 et 2021. Si la prééminence de la Chine a tendance à s’atténuer, l’IFM y voit, non pas une prise de conscience de la part des acteurs de la mode de l’impact écologique ou sociétal des importations chinoises, mais un lien avec « la nouvelle stratégie de croissance de la Chine qui repose plus sur sa dynamique de marché domestique ou ses exportations de textiles (44 pour cent) que sur ses exportations de vêtements ».

Pour enfoncer le clou, l’étude montre que les approvisionnements à long terme (donc depuis les destinations les plus lointaines) représentent 50 pour cent des achats en 2022. « Les distributeurs cherchent à maintenir leurs marges en faisant sans doute plus de long terme » indique Gildas Minvielle. CQVD : plus d’approvisionnement en Asie et au Bangladesh. 73 pour cent des personnes interrogées affirment vouloir réduire leur approvisionnement depuis la Chine. 41 pour cent souhaitent maintenir les approvisionnements au Bangladesh, 50 pour cent Vietnam et 68 pour cent en Inde.

L’expert relativise en précisant que 33 pour cent des distributeurs ont l’intention, en 2023, d’augmenter le court terme (comprenez les circuits courts). 46 pour cent d’entre eux déclarent vouloir augmenter leurs importations depuis le Maroc, 70 pour cent depuis la Tunisie, 52 pour cent depuis la Turquie, 74 pour cent depuis l’Italie et 57 pour cent depuis le Portugal. 50 pour cent souhaitent se fournir en France L’avenir nous dira si ces intentions sont suivies d’effet.

Après le choc de 2020, le commerce international s’est établi à 549 milliards de dollars en 2022 contre 450 milliards de dollars en 2021. Les flux les plus importants sont ceux qui partent de l’Asie vers l’Europe (117 milliards de dollars) et de l’Asie vers l’Amérique (124 milliards de dollars). Les Américains ont donc été le moteur des échanges commerciaux entre 2020 et 2021.

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Pour réécouter la conférence c’est ici