Sandrea, ex-accro à la fast fashion : «J'étais dans le déni, la mode jetable comblait mon envie de posséder» #540

14/10/2022

L’influenceuse française, suivie par plus d’un million d’abonnés sur YouTube et Instagram, s’est fait connaître avec ses vidéos axées sur la mode et la beauté. Mais après un déclic, elle bouleverse tout, sa vie et son business model. Elle raconte aujourd’hui les ressorts d’une addiction pas si rare.

Son tout premier tuto beauté, publié sur YouTube en 2011, parlait d’un fond de teint de la célèbre marque de maquillage M.A.C. Mais au fil des ans, Sandrea, coiffeuse de profession, diversifie sa palette de sujets. Sur sa chaîne, on papote mode, lifestyle et shopping. Expatriée aux États-Unis, la YouTubeuse rencontre très vite le succès, notamment autour des séquences unboxing. Les abonnés affluent autant que les vêtements qui s’accumulent dans sa penderie. Jusqu’à un «électrochoc» dû à plusieurs bouleversements dans sa vie. Il y a un an, Sandrea décide de dire stop à la fast fashion. Dans une vidéo YouTube déjà visionnée près de 100.000 fois, elle fait le bilan de son sevrage.

Dorénavant Sandrea compte utiliser son influence à bon escient. Elle alerte à présent sa communauté sur la mode jetable, dite «fast fashion», et ses dérives à la fois sociales et environnementales. Car malgré leurs pratiques douteuses et contestables, les marques comme Shein, Boohoo, Pretty Little Things ou encore Zara continuent de séduire la jeune génération tout comme les influenceurs qui commandent des montagnes de vêtements (très) bon marché. Et ce, alors même que les scientifiques du Giec mettaient en évidence, dans un rapport en avril dernier, le rôle qui pourrait être joué par les influenceurs dans la transition écologique. Rencontre et récit d’une transformation.

Madame Figaro : Il y a un an, vous avez décidé d’arrêter définitivement la fast fashion. Quel a été le déclic ?

Sandrea : J’étais déjà en train de réduire ma consommation depuis début 2019. À l’époque, ce qui me motive à arrêter la fast fashion est surtout lié à la qualité des vêtements que je ne trouve pas «durables». Les coutures, la fabrication… ça n’en valait pas la peine. Mais c’est seulement en août 2021 que j’ai arrêté définitivement. À ce moment-là, je n’ai pas de considérations autres que «comment je présente» et «comment le vêtement tombe sur moi». À travers la mode, je prétends accéder à un certain milieu. Je me dis que si je suis habillée en Boohoo ça ne passera pas si je suis invitée à la Fashion Week! Et puis, c’est la crise sanitaire. Là, tout change.

En quoi la crise du Covid a été déterminante dans votre prise de conscience ?

C’est un gros élément déclencheur. Jusque-là, j’étais toujours en voyage, je n’avais pas le temps de me poser et tout d’un coup, je me retrouve à me regarder dans le miroir. Je vois des actus qui annoncent que la nature reprend ses droits, que des dauphins sont par exemple revenus dans une zone pour la première fois depuis des années… Tout cela participe à un électrochoc qui m’aide à réfléchir à mon propre impact sur la planète. Je revois ma manière de consommer, de créer du contenu sur YouTube et les réseaux sociaux. J’ai alors l’envie de transformer mon influence, d’avoir un impact bénéfique et, pourquoi pas, de créer un petit déclic chez ma communauté. Toute cette période correspond à une grosse remise en question aussi dans ma vie personnelle : je me sépare à ce moment-là de mon mari américain.

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