Ecolabels, traçabilité, transparence... où en est la mode ? #527

04/10/2022

Jusqu’à récemment, affichage environnemental des produits textiles était considéré comme une démarche volontaire de la part des marques. Mais avec la neutralité climatique à l’ordre du jour de tous les gouvernements, la mode fait elle aussi l’objet d’un examen législatif. La diffusion d’informations sur les actions durables est en passe de devenir une obligation : du passeport numérique aux étiquettes carbone, le changement est en cours.

Le consommateur éclairé est submergé d’informations

Il fut un temps où les vêtements étaient munis d’une ou deux étiquettes indiquant les instructions de lavage et le pays de fabrication ou d’origine – elles ne jouaient aucun rôle dans la prise de décision. Lorsque les conséquences de la fast fashion ont été largement révélées, les consommateurs ont exigé le droit à l’information. Les étiquettes ont évolué et se sont étendues aux éco-labels, aux QR codes et autres passeports numériques.

Aujourd’hui, il existe plus de 455 certifications de durabilité dans 25 secteurs. Parmi celles-ci, 104 sont revendiquées par le secteur textile. Au premier coup d’œil, le nombre d’écolabels et de certifications indique que l’industrie prend des initiatives en faveur du changement climatique. Mais pour les consommateurs, cela peut également signifier que la recherche d’informations réelles sur les efforts de durabilité d’une marque s’apparente à la recherche d’une aiguille dans une botte de foin.

Seuls quelques-uns de ces 104 éco-labels basés sur le textile, tels que GOTS, OEKO-TEX 100, Fair Wear Foundation, sont spécifiques à cette industrie, tandis que la majorité est partagée entre divers secteurs, produits et services. Cela crée plus de confusion que de transparence. Il semble qu’ils soient devenus une partie du problème plutôt que la solution recherchée. Les labels écologiques existants ont été instrumentalisés par des marques avides de profits pour bombarder les consommateurs de demi-vérités et de fausses déclarations. En d’autres termes, ils servent de « permis d’écoblanchiment ».

Quelle est la fiabilité des éco-labels actuels ?

Dans le sillage des récents procès pour greenwashing intentés à H&M et Decathlon, il est évident que ces labels ne justifient pas l’impact réel de la mode sur notre environnement. Une étude réalisée en 2022 par la fondation Changing Markets évalue « comment les systèmes de certification et les initiatives volontaires alimentent la mode fossile ». Elle examine 10 labels vantés par des marques de grande consommation comme Nike, Tommy Hilfiger, Gap, pour n’en citer que quelques-uns. Le rapport révèle qu’une fois passés à la loupe, les écolabels (BlueSign, Textile Exchange, EU Ecolabel, Higg Index, etc.) ne sont pas adaptés aux objectifs de transparence et de responsabilité.

À cet égard, Livia Firth, fondatrice d’Eco-Age, s’interroge : « Nous avons des étiquettes complètes sur les aliments que nous achetons, pourquoi ne pouvons-nous pas en avoir aussi sur les vêtements ? ». De même, Jodi Muter-Hamilton, fondatrice de l’association à but non lucratif Lab 2030, propose un système de feux tricolores pour la mode afin de simplifier les références de durabilité des vêtements. Dans les emballages alimentaires, ce système d’étiquetage indique par un code couleur les quantités de graisses, de sucres, de sel et de calories contenues dans un produit. Le rouge est le signe d’une teneur élevée en nutriments nocifs, tandis que le vert est le choix le plus sain. Si les feux tricolores dans la mode pourraient constituer une valeur ajoutée, le défi actuel reste la normalisation et la légalisation de l’étiquetage écologique.

Ecolabel de l’UE ou faire en sorte que l’étiquette compte

D’ici 2023, l’Union européenne réglementera l’écolabel européen dans le secteur de la mode. Développé par la SAC (Sustainable Apparel Coalition), le nouveau système d’écolabellisation est basé sur la méthodologie normalisée de l’empreinte environnementale des produits de l’UE. Initié pour la première fois en 2013, le PEF vise à fournir des informations aux consommateurs sur 14 points d’impact environnemental : changement climatique, appauvrissement de la couche d’ozone, toxicité, épuisement des ressources entre autres. Cependant, ce système est appliqué dans de multiples secteurs et son utilisation peut diluer les efforts de transparence dans la mode, si tous les points de contact ne sont pas couverts.

La campagne contre la crédibilité du label écologique de l’UE depuis octobre 2021, est  » Make the Label Count  » – une coalition d’organisations comprenant Eco-Age, International Wool Textile Organisation, Changing Markets Foundation, Fibershed, Sericulture Commission etc.

 

➔ Lire l’article complet (en anglais) sur Green is the New Black