Selon un rapport publié la semaine dernière par la fondation à but non lucratif Changing Markets Foundation, la mode reste fortement dépendante du plastique pour la fabrication ses vêtements. Alors que les consommateurs et les responsables politiques commencent à examiner de plus près l’impact du plastique sur la planète, les fibres synthétiques pourraient s’avérer être le prochain obstacle majeur pour le secteur.
Dans son rapport, intitulé Synthetics Anonymous, Changing Markets Foundation affirme que les marques, bien que déclarant se soucier de l’impact environnemental de leur activité, ne se sont encore pas engagées à abandonner les fibres synthétiques. Les fibres synthétiques dépendent de la production de combustibles fossiles et rejettent des microplastiques dans l’environnement. Ces microplastiques ont été retrouvés partout où les chercheurs ont regardé, avec des effets majeurs sur la vie aquatique et la santé humaine.
Les préoccupations concernant l’utilisation des fibres synthétiques s’étendent également à leurs versions recyclées, qui sont devenues plus courantes pour les marques qui les positionnent comme durables. Les experts affirment que ces fibres ont à peu près les mêmes impacts sur l’environnement que les synthétiques vierges.
L’attention portée à l’utilisation des plastiques dans la mode s’accroît. La semaine dernière, une autre organisation à but non lucratif, A Plastic Planet, a lancé Plastic Free Fashion, une campagne visant à attirer l’attention sur le rôle de la mode dans la « crise du plastique » mondiale et à orienter le secteur vers des solutions sans plastique. Le groupe a également annoncé qu’il demandait, avec le soutien de responsables politiques britanniques et d’autres militants, la mise en place d’un système d’étiquetage obligatoire qui signalerait aux clients que les vêtements sont fabriqués avec des fibres synthétiques.
Alors que les marques prennent des engagements de plus en plus ambitieux pour réduire leur impact environnemental, de l’approvisionnement biologique à la positivité climatique, elles négligent le plastique. Les fibres synthétiques, en plus de libérer des microplastiques dans l’environnement et d’utiliser souvent des produits chimiques toxiques dans leur production, dépendent de l’extraction continue de pétrole et de gaz naturel. Le polyester recyclé est devenu populaire en tant que choix plus durable, ce qui, selon les critiques, exacerbe le problème car il consacre le rôle continu des matières synthétiques dans l’avenir de la mode et permet à l’industrie de poursuivre ses activités comme si de rien n’était.
Il existe un débat important sur les meilleures solutions à long terme pour les vêtements synthétiques qui existent déjà et sur la combinaison idéale de matériaux pour l’avenir. Les marques affirment que les matières synthétiques sont nécessaires à la performance des vêtements. Mais les experts affirment que les synthétiques posent des problèmes pour la planète que l’industrie ne peut pas résoudre, surtout si elle ne reconnaît pas d’abord leur existence, leur omniprésence et leur gravité.
« Ils ne sont pas prêts à changer leurs sales habitudes, alors ils essaient d’échapper à la crise en se faisant passer pour des écolos », explique Urska Trunk, responsable de campagne à la Changing Markets Foundation. « Cette dépendance à l’égard des fibres synthétiques perpétue la dépendance de l’industrie à l’égard de l’extraction de combustibles fossiles, et ce en pleine crise climatique. Cette situation va inévitablement s’aggraver car aucune marque ne s’est clairement engagée à éliminer progressivement sa dépendance à la mode basée sur les combustibles fossiles. »
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