Il suffit de regarder les nouvelles collections de la plupart des marques de prêt-à-porter, géants de la fast fashion compris, pour se rendre compte que l’industrie textile se tourne progressivement vers des matières écoresponsables, comprendre biologiques pour certaines, mais également végétales, et surtout dont la culture nécessite moins d’eau, pas ou peu de pesticides, et, cerise sur la gâteau, peut se faire localement.
Autant dire que le coton, s’il est toujours très convoité, n’apparait plus comme la matière incontournable par excellence. Les marques sont donc en quête de nouvelles fibres qui pourraient répondre à l’ensemble de ces critères. Si le lin semble justement prendre sa revanche sur tous les matériaux qui l’ont supplanté ces dernières décennies, il n’est pas le seul à obtenir la faveur de l’industrie de la mode. Outre les « cuirs » alternatifs faits à partir de cactus, de pomme, de raisin, ou encore de champignon, le chanvre se révèle être une fibre à ne pas négliger pour tendre vers une mode plus responsable.
Contrairement aux idées reçues, le chanvre est tout sauf une fibre novatrice. Elle est même utilisée depuis des siècles par l’industrie textile, qui l’a pourtant écartée au profit d’autres matières jusqu’à ce que les problématiques environnementales changent la donne. Car le chanvre, sous toutes ses formes (graines, huile, fibres), représente une alternative naturellement durable dans bien des secteurs, dont l’alimentation, les cosmétiques, et bien évidemment… la mode.
Selon l’association LCB (Lin et Chanvre Bio), qui œuvre à faire renaître une filière chanvre textile calquée sur le modèle du lin, fait savoir que le chanvre « est peu sensible aux maladies et aux insectes (…) et ne nécessite aucun désherbage », ce qui signifie qu’il n’a pas besoin de pesticides. Premier bon point. La plante résiste également à la sécheresse – sa culture nécessite donc moins d’eau – présente une croissance rapide, et ses fibres sont considérées comme extrêmement résistantes.
C’est à se demander pourquoi l’industrie s’en est passée aussi longtemps. La réponse réside dans le processus de transformation de la fibre de chanvre, très complexe, et par extension plus coûteux que d’autres fibres. On comprend mieux pourquoi l’industrie s’en est désintéressée… On peut toutefois espérer que les innovations technologiques observées dans le secteur ces dernières années pourront à terme permettre de réduire ces coûts, et le temps de transformation, pour en faire une matière plus accessible.